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Message à caractère politique

par Moncef Wafi

Si le discours de Gaïd Salah à partir de Ouargla avait donné quelques garanties sur le rôle de l'armée, celui de Blida mardi dernier a refroidi les ardeurs, si d'aventure elles existaient encore. Pour nombre d'observateurs, citoyens et partis de l'opposition, l'intervention du chef de l'état-major de l'ANP, depuis la 1ère Région militaire, a définitivement levé le voile sur l'intention de l'armée de s'aligner inexorablement derrière l'option constitutionnaliste allant à l'encontre des exigences de la rue. Le vice-ministre est même soupçonné, voire accusé, de vouloir faire passer en force des présidentielles sous la coupe de Bensalah, préparées par le gouvernement Bedoui. Auquel cas, il se met dans une position inconfortable vis-à-vis du mouvement populaire qui refuse une quelconque sortie de crise constitutionnelle en présence des 3 B restants. Si cette position de Gaïd se confirme avec le temps, il est fort à parier que les prochains vendredis on assiste à des slogans hostiles au général de corps d'armée. Une défiance qui s'est déjà exprimée le jour même de son intervention où il a critiqué ceux qui entravent le travail des ministres sur le terrain, s'en prenant ouvertement à l'opposition qui a boycotté la conférence nationale de dialogue et de concertation organisée par le chef de l'Etat par intérim. Cette attaque frontale contre les anti-système et ceux qui ne cautionnent pas l'application exclusive de l'article 102, est perçue par les détracteurs de Gaïd comme un retour des pratiques qui n'acceptent pas les avis divergents. Le ton même du message ne laisse aucun doute sur la nature de la feuille de route proposée par l'armée et son intention de l'appliquer à tout prix. Aussi, les poursuites judiciaires engagées contre certains hommes d'affaires sont fortement remises en question, les apparentant à des règlements de compte claniques. Pourtant, l'identité de ces justiciables, et la liste est en train de s'allonger, suggère à priori que la justice, même si elle est loin d'être indépendante, ratisse large avec les prochaines convocations de l'ancien ministre de l'Energie Chakib Khelil et de Tahkout Mahieddine, l'un des symboles de l'oligarchie à quatre roues, en attendant les noms demandés par les Algériens. Ce chassé-croisé entre une justice qui s'accélère et les messages à caractère politique de Gaïd Salah laisse le peuple au milieu du gué, le plongeant dans une perplexité qui n'est certainement pas la bienvenue et qui laisse la porte ouverte à toutes les tentatives de récupération et de déstabilisation du hirak.