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Le choix des armes

par Moncef Wafi

Ce qu'il faut retenir de ces neuf vendredis de la protestation populaire est la place prépondérante prise par les médias alternatifs qui ont suppléé à l'information publique et assimilée. L'information citoyenne a fait face aux couvertures aiguillées des manifestations, démentant et dénonçant les manœuvres de déstabilisation et de provocation de certaines chaînes de télévision privées acquises à la contre-offensive révolutionnaire. Le support le plus courtisé restant les médias sociaux et particulièrement Facebook, devenu l'arme préférée du hirak. Pourtant, cet espace virtuel est lui aussi une plateforme servant à distiller des fake news censés semer le trouble et la partition dans l'esprit des internautes algériens.

Le modus operandi est d'une simplicité proverbiale qui veut que pour régner il faut diviser. Ces attaques électroniques, qui visent l'intégrité même de certaines figures du mouvement à travers des campagnes de diffamation et de détournement d'images, reposent aussi sur le principe cher à Joseph Goebbels, le ministre de la Propagande de Hitler : «un mensonge répété dix fois reste un mensonge, répété dix mille fois il devient une vérité». Face à la multiplication de fausses informations concernant essentiellement l'action de la police et partagées par la population facebookienne, la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN) a été obligée de tirer la sonnette d'alarme en appelant l'ensemble des utilisateurs des réseaux sociaux à faire preuve de prudence et de vigilance.

Si l'institution policière «se réserve le droit d'engager des poursuites judiciaires à l'encontre des instigateurs de fausses informations», ces menaces ne semblent pas, pour autant, tempérer les ardeurs de ces lanceurs de fake news, la preuve en est la poursuite des tirs de barrage dans une volonté manifeste de brouiller les pistes. L'interdiction par la DGSN des drapeaux amazighs lors des marches organisées est la dernière trouvaille de ces «mouches électroniques» visant à la confrontation entre manifestants et forces de l'ordre. L'intox indique que les forces de l'ordre procéderont «à la saisie de tous ces emblèmes à partir du vendredi (19 avril, ndlr) au niveau de la capitale». La DGSN s'est encore retrouvée dans la réaction en publiant un communiqué où elle dément catégoriquement cette allégation. Si en face on ne désarme pas en continuant à inonder la Toile par de faux profils se cachant derrière les fondements identitaires du pays, l'opinion publique est en droit de se demander comment peuvent-ils toujours activer alors que leurs actions relèvent de la cybercriminalité.