Ce que nous allons dire va sans doute déplaire à beaucoup de monde dans la période quasi révolutionnaire actuelle. Nous ne connaissons du personnage Noureddine Bedoui que le strict minimum, à savoir qu'il a occupé de hautes fonctions dans l'administration comme wali puis ministre de l'Intérieur aux temps désormais finissants du régime triomphant (et peut-être arrogant) du président Bouteflika.

Mais vu de loin (nous insistons là-dessus) nous ne pouvons ne pas penser, ne serait-ce qu'une seconde, que sa mission actuelle en tant que Premier ministre- alors que le peuple gronde et manifeste dans les douars les plus reculés d'Algérie pour vouer aux gémonies tout ce qui symbolise le pouvoir et ce que ce mot véhicule dans l'inconscient collectif, et malheureusement dans la réalité, comme carence de liberté et de justice-, ne manque pas d'un certain... panache.

Dans les circonstances actuelles où le rapport de force est, selon toute vraisemblance, contre le régime en place, posons-nous une question qui fâche, à savoir qu'est-ce qui peut convaincre un être humain doué d'un peu de raison ou de sagesse ou, dans la version la moins morale, mû par un dernier dessein opportuniste, d'accepter ce genre de mission masochiste, quasi suicidaire ?

Ce que l'on peut appeler aujourd'hui «l'impasse-Bedoui» (en tant qu'archétype de quelqu'un qui est amené à exercer une responsabilité et qui est confronté à une crise grave) est soit un cas de force majeure- comme peut l'être un soldat qui sait qu'il va aller au casse-pipe mais mais qui ne peut déserter car tout simplement il n'en a pas la possibilité- soit une attitude de chef de guerre qui, dans la déroute générale, essaie de sauver ce qui reste à sauver. Évidemment, la question fondamentale est de savoir, lorsqu'un feu menace, ce qu'il est essentiel de sauver, même dans la difficulté, même sous l'opprobre général, et dans le cas qui nous intéresse ici, qu'il s'agit bien d'abord de l'intérêt du peuple algérien et de la Maison-Algérie.