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Protection du consommateur: Les entraves de l'administration dénoncées

par Yazid Alilat

Les difficultés et les entraves de l'administration, notamment celle du Commerce, à l'action caritative en général et la protection du consommateur en particulier, ont été une nouvelle fois dénoncées hier dimanche par le président de l'Association algérienne de protection et d'orientation du consommateur et de son environnement (APOCE), M. Mustapha Zebdi.

Il a expliqué à la radio nationale, à l'occasion de la Journée internationale du consommateur, qu'il y a «des acquis et des avancées, mais il y a une grande carence en matière de protection du consommateur». Dans son commentaire sur le mouvement de protestation populaire actuel pour un changement politique radical et le refus de la continuité du 4e mandat, il a expliqué que «le Hirak est le résultat des privations, des frustrations et de l'injustice, de la pression sur le citoyen et l'absence des libertés et de la démocratie dans le pays. Cela fait partie des revendications citoyennes».

Mustapha Zebdi, qui a rappelé les différentes demandes de son association pour «le changement, l'amélioration et la protection du système de consommation et de la vie des consommateurs», est revenu sur les «différentes entraves et contraintes que nous avons rencontrées dans l'accomplissement de notre mission.

Ici, nous parlons des entraves dans la protection du consommateur dans le domaine des transports, du tourisme, de la santé, du commerce : nous avons eu des difficultés à nous imposer pour protéger les consommateurs», a-t-il dit en évoquant un accord avec Air Algérie pour gérer les plaintes des voyageurs. «Tous les secteurs étaient fermés devant nous pour défendre les consommateurs et dénoncer les dérives commerciales contre le consommateur», ajoute-t-il en faisant allusion également aux pratiques condamnables d'un opérateur qui a arrêté la production de sacs de semoule de 25 kg, car le consommateur préférait acheter ce type de produits.

«Cet opérateur a inondé le marché avec des sacs de 5 kg de semoule». «Notre plainte (contre cet opérateur) est restée lettre morte», alors qu'il a «enfreint la loi». En fait, «il y a des lois émises mais non appliquées dans le secteur du commerce», dénonce M. Zebdi, comme dans le secteur de la téléphonie, où on remarque l'impossibilité de transférer un numéro de téléphone personnel d'un opérateur à un autre.

«Avec le Hirak, nous allons revoir certains dossiers pendants, comme celui de la voiture, car il y a des situations de corruption et de fraude qui altèrent le pouvoir d'achat du citoyen, et son droit à consommer des produits au juste prix». Il explique qu' il y a «une accumulation de dérives commerciales qui a détérioré l'environnement du consommateur et du secteur du commerce». «Nous avons vécu des moments difficiles avec des pressions et des menaces qui nous ont menés aux tribunaux pour notre travail sans complaisance contre la fraude et la corruption». Pour M. Mustapha Zebdi, «il faut assainir l'administration, mais également la société civile», car sur «90.000 associations, il y a en réalité seulement 10% vraiment actives et représentent la société, le reste ne sont que là que pour recevoir les soutiens financiers de l'Etat, rien de plus». Ces associations, déplore-t-il, «ont accepté de représenter les intérêts de certains milieux, que ce soit à travers les soutiens financiers, ou les programmes. Alors que les associations qui travaillent sur le terrain, dans le domaine de la santé, de la protection du consommateur, ou d'autres secteurs, ne sont malheureusement pas nombreuses.

Elles sont très réduites par rapport au grand nombre d'associations de la société civile». «Même l'environnement de ces associations n'est pas le même pour toutes, car il y a des associations qui rencontrent beaucoup de difficultés à assurer leurs missions, contrairement à d'autres». «Une association, dont les activités sont la bienfaisance, lorsqu'elle entre dans une administration, on devrait lui dérouler le tapis rouge, malheureusement, cela n'est pas le cas», souligne-t-il. «Pour constituer notre association, nous avons fait des pieds et des mains pour avoir notre agrément au bout d'une année et demi. Et cela pour travailler au profit du citoyen comme volontaires, sans rémunération». «Quand il y a des associations qui déposent des dossiers d'agrément et qu'elles n'obtiennent même pas un accusé de réception, et quand il y a des dossiers sensibles et importants délaissés par l'administration, notamment pour la santé du citoyen ou du confort du consommateur, alors on se pose la question de savoir quelle est l'utilité des ministères vis-à-vis de ces associations caritatives».

Selon M. Zebdi, «il y a des secteurs qui ont fermé leurs portes à notre association, mais d'autres ont heureusement joué le jeu et nous ont aidés dans notre mission de protéger le consommateur, sa santé et son confort». «Ce Hirak a dépoussiéré certaines choses et certaines situations», a-t-il relevé. Notre interlocuteur s'interroge sur l'objectif de «ces contraintes mises devant le travail des associations de bienfaisance et de protection consommateur». « Nous voulons être libres et indépendants dans notre travail notamment dans la protection du consommateur et sa sensibilisation, ainsi que la protection de son environnement».