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Contre le 5ème mandat: Manifestation à Bruxelles

par Bruxelles : M'hammedi Bouzina Med

  En ce jour anniversaire du président Bouteflika (82 ans), des centaines d'Algériens de Belgique ont tenu à marquer leur refus d'un cinquième mandat et ont joint leur voix à celle de leurs frères et sœurs du pays.

Elles et ils sont venus comme promis manifester leur opposition à un cinquième mandat du président Bouteflika. Majoritairement résidents de la capitale belge, Bruxelles, les Algériennes et Algériens brandissant l'emblème national au vent, scandant des mots d'ordre venus du pays profond : «Non au cinquième mandat ! Assez, c'est assez ! Système dégage !...» Ils se sont rassemblés face au siège de l'ambassade pour dire leur colère et leur indignation à la farce du cinquième mandat pour Bouteflika. Des centaines d'hommes et surtout des femmes qui ont accompagné de leurs youyous la répétition des mots d'ordre appelant à la rupture avec le système et l'instauration d'une authentique république démocratique et sociale. Il y avait là, des représentants d'associations, des artistes, des journalistes, des chefs d'entreprises, de jeunes étudiants... et une présence forte de femmes dès la première heure de la manifestation entamée à 13 heures 00 précises. Les policiers observaient sans déranger les manifestants alors même que certains manifestants se sont improvisés en «cadreurs» de la manifestation pour que tout se déroule sans incidents et sans heurts. Il faut signaler que le rassemblement s'est tenu sans demande d'autorisation à la commune et à la police. Les cinq cars de police stationnés au début devant l'ambassade ont été, dès l'arrivée des premiers manifestants, dans les rues avoisinantes, hors de vue du rassemblement, sans doute pour éviter tout effet «d'excitation» ou de provocation. «Il y a des visages que je n'ai pas vus depuis un bail» me lance Kamel, avant d'ajouter «quel bonheur !». Entre les slogans répétés et les youyous, beaucoup d'embrassades et de rires, beaucoup de questions aussi: que va-t-il se passer après ? Que vont faire ses soutiens d'ici dimanche, dernier jour de dépôt des candidatures ? Bouteflika est-il vraiment au courant de ce qui ce passe ? Chacun allant de ses hypothèses et avis, mais tous sont d'accord sur un principe : pas de cinquième mandat et rupture avec le système de gouvernance. Un autre manifestant plus inquiet me lance : «Tu te rends compte, vendredi dernier le fils du président du premier gouvernement provisoire algérien, Benyoucef Benkhedda, est décédé. N'est-ce pas un signe pour nous rappeler l'origine des maux du pays ? Le coup d'Etat contre le GPRA !» Puis d'autres rappellent que ce 02 mars est jour d'anniversaire de Abdelaziz Bouteflika. Il boucle ses 82 ans. Ils se regardent, puis l'un d'entre eux lance : encore un signe de la providence, il faut qu'il s'en aille se reposer». Chose nouvelle, beaucoup de manifestants, l'œil rivé sur leurs téléphones portables, envoyaient déjà photos et messages sur les réseaux sociaux. Façon de faire du direct à leur façon.

La présence de plusieurs caméras et journalistes belges et algériens dénote que l'appel au rassemblement lancé sur les réseaux sociaux a fait mouche. Un air de fierté et de joie se lisait sur les visages. Les Algériens de Belgique ont joint leur voix et leur appel à leurs compatriotes du pays. Ils se sont promis de rester en «veille» et de suivre quotidiennement l'évolution de la situation au pays et de se rassembler s'il le faut chaque week-end.