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Quand les Haïtiens sont tués en laissant de marbre D. Trump

par Kharroubi Habib

Depuis le 7 février d'imposantes manifestations populaires contre le pouvoir en place paralysent Haïti, pays compté parmi les plus pauvres de la planète. Les Haïtiens sont descendus dans la rue pour protester contre la corruption qui gangrène les autorités dirigeantes et la misère à laquelle ils sont réduits.

Au moins une dizaine de manifestants ont été tués par les forces de sécurité déployées. Ce qui n'a pas mis fin au mouvement de protestation qui réclame la démission du président du pays Jovenel Moïse et le départ de son gouvernement. Ce qui se passe pourtant à Haïti n'a suscité de réaction ni à Washington ni dans les autres capitales occidentales qui ont promptement pris position en faveur des oppositions vénézuélienne et nicaraguayenne qui animent elles aussi un mouvement similaire contre les présidents de leurs pays respectifs.

Leur silence n'a rien d'étonnant compte tenu que dans la crise haïtienne les cibles de la colère populaire sont les auxiliaires de leur mainmise sur ce pays et que la colère des manifestants s'exprime également contre elle.

Le pouvoir haïtien pourra probablement continuer à réprimer la contestation qui s'amplifie et à tuer des manifestants sans comme dans les cas du Venezuela et du Nicaragua être sanctionné ou menacé d'ingérence «humanitaire» par Washington et d'autres capitales occidentales. S'il est pourtant un pays où le concept d'ingérence «humanitaire» aurait quelque sens c'est bien Haïti où la misère atteint un sommet effroyable du fait de la situation économique haïtienne désastreuse que les gouvernants à la botte des Etats-Unis ont laissé s'aggraver occupés qu'ils ont été à dilapider les caisses de l'Etat et à détourner l'aide financière internationale dont Haïti a bénéficié. Donald Trump qui s'apitoie sur la misère des populations du Venezuela et du Nicaragua est de marbre devant celle des Haïtiens dont les raisons de la colère démontrent que l'Amérique n'a rien contre les gouvernements qui pillent et répriment leurs citoyens tant qu'ils ne remettent pas en cause l'ordre et la «pax americana».

Le Vénézuélien Maduro et le Nicaraguayen Ortega ont pour crime impardonnable aux yeux du vindicatif président américain d'avoir transgressé cet interdit. Jovenel Moïse que les Haïtiens veulent dégager essuiera probablement quelques remontrances officielles de la part des Etats-Unis et d'Etats européens, mais il ne sera nullement question pour ces pays de mettre en branle contre lui et son gouvernement la machine à destitution qu'ils ont mise en place contre Maduro et Ortega. Le peuple haïtien le sait bien et le clame en dénonçant leur collusion avec le pouvoir pourri haïtien contre lequel il est entré en rébellion.