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Le 5ème en marche

par Mahdi Boukhalfa

Sauf imprévu de dernière minute, le président Bouteflika sera candidat pour un 5ème mandat à l'élection présidentielle du 18 avril prochain. Après le FLN et TAJ, le RND a confirmé son soutien à une candidature de M. Bouteflika à la prochaine échéance électorale. Il n'y aura en définitive aucune surprise du côté de la majorité et le candidat de l'alliance devrait même annoncer officiellement ses intentions et son programme dans les prochains jours. Les partis de la majorité ont déjà entamé les préparatifs de cette candidature, notamment pour le recueil des signatures, que les organisations patronales et l'UGTA vont chapeauter.

Après un long silence, les partisans de M. Bouteflika sortent à terrain découvert et annoncent même que le programme de campagne de leur candidat est prêt. La machine électorale du pouvoir se met tout naturellement en marche et les déclarations d'Ahmed Ouyahia, avec sa double casquette de patron du RND et Premier ministre, jeudi devant les cadres de son parti, sont sans équivoque: le (futur) candidat Abdelaziz Bouteflika a rendu au pays «paix et stabilité après 14 ans de réconciliation nationale». Et Ouyahia affirme qu'en 2018 «nous avons réalisé des résultats satisfaisants sur le plan social et économique, d'autant plus qu'ils ont été obtenus dans une conjoncture loin de l'aisance financière».

La messe est dite et il n'y a plus de doute ni d'hésitation sur le fait que le président Bouteflika sera bel et bien candidat, pour la 5ème fois, à sa propre succession, 20 ans après avoir remporté l'élection de 1999 après le retrait de ses adversaires. La machine électorale de la majorité va donc s'ébranler et, déjà, l'annonce officielle de la candidature de M. Bouteflika sera accompagnée par la divulgation de son programme électoral. Une manière comme une autre pour l'équipe du président sortant de montrer toute la distance qu'il y a entre son candidat et les autres candidats à la candidature. Si les partis de la majorité restent accrochés à la «continuité» symbolisée par une cinquième reconduite à la magistrature suprême de M. Bouteflika, en dépit de son âge et de sa santé, cela ne les empêche pas de railler les adeptes et les tenants de la rupture dans le système de gouvernance du pays.

Pour autant, l'entrée en jeu du président Bouteflika dans la course à la prochaine présidentielle, avec un programme portant sur d'importantes réformes sociales, politiques et économiques, va perturber tous les autres candidats à la candidature et, plus que tout, éteindre les illusions des uns et des autres quant à leurs chances de survivre à la course électorale. Car le premier écueil que devront affronter les plus de 150 candidats à la candidature sera celui du recueil des 60.000 signatures dans 25 wilayas ou celle de 600 élus, et le second ne sera ni plus ni moins que d'affronter, une fois l'épreuve des signatures accomplie, la formidable machine électorale du candidat du pouvoir. C'est presque mission impossible. Et, sur ce chapitre, le secrétaire général du RND, battu par son rival, le FLN, aux sénatoriales partielles en sait quelque chose, lui qui a clairement affirmé devant ses cadres qu'il y a eu «des dépassements flagrants enregistrés dans certaines wilayas». Des dérapages et des dépassements «qui ne servent ni la démocratie ni l'Etat de droit», selon le chef du RND. Et ces affirmations sur ce qui s'est passé durant le renouvellement partiel du Sénat sont un sérieux avertissement et une leçon aux partis du pouvoir pour que l'élection présidentielle prochaine serve la démocratie et l'Etat de droit. Au-delà de la nature du candidat.