Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Macias au Maroc: un ballon-sonde sur la voie de la normalisation israélo-marocaine

par Kharroubi Habib

Pour se faire pardonner d'avoir pris le parti de la démocrate Hilary Clinton pour l'élection présidentielle remportée par le vindicatif Donald Trump, le souverain marocain multiplie les signes d'allégeance en direction de ce dernier et de son administration. Le plus grotesque a été l'accusation portée par le Makhzen contre l'Iran d'avoir fomenté un prétendu complot visant la stabilité et l'intégrité du royaume en fournissant des armes au front Polisario. Cette accusation a servi de prétexte pour rompre les relations diplomatiques avec ce pays dans l'espoir que ce geste contribuerait à mieux disposer le nouveau président américain dont la république islamique est la bête noire.

Ce grossier subterfuge courtisan n'ayant pas fonctionné, le trône alaouite et sa diplomatie se sont rabattus sur un autre qui consistant à tenter d'amadouer le tenace et rancunier président américain en engageant le Maroc dans la voie d'une normalisation assumée avec Israël. Sauf que la monarchie alaouite joue gros au plan interne avec ce scénario dont les prémices et la mise en scène sont en train de se dévoiler.

S'il est vrai que les Marocains ont paru approuver et soutenir la rupture des relations diplomatiques avec l'Iran qui leur a été présentée comme une riposte aux prétendues menées anti-marocaines de la république islamique, il n'est pas certain du tout qu'ils acquiescent à la normalisation des relations avec l'Etat sioniste. Mohamed VI qui en est parfaitement conscient a entrepris de sonder l'état d'esprit de son opinion publique et sa réaction à l'invitation qu'il a faite au chanteur Enrico Macias à venir se produire au Maroc dont il sait que ses prises de positions sionistes révoltent ses sujets. De la façon dont s'exprimera l'opposition au Maroc à la venue de se controversé personnage qui se manifeste déjà par des appels au boycott de ses concerts, le monarque chérifien en tirera probablement l'enseignement s'il peut s'avancer rapidement ou non sur la voie de la normalisation avec Israël. Il est néanmoins déterminé à emprunter cette voie car elle est l'ultime recours -de son point de vue- pour faire tomber les prétentions que le président américain a à son encontre. Le vacillant trône alaouite a peu de chance de se maintenir avec la montée de la contestation politico-sociale qui secoue le royaume sans que la puissante Amérique déploie sur lui son aile protectrice. Cette assurance Benyamin Netanyahu s'en est fait le garant auprès de Mohamed VI à la condition qu'il satisfasse Israël en renouant ouvertement avec lui et sans préalables posés. Ce qu'il semble avoir obtenu, puisqu'il a déjà inscrit dans son agenda diplomatique une visite officielle au Maroc.