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Vol de voitures à Yaghmoracen: Les accusés écopent de cinq ans de prison

par M. Nadir

Trois hommes âgés entre 36 et 53 ans ont été condamnés hier en première instance à cinq de prison pour association de malfaiteurs et vol qualifié dans le cadre d'une affaire remontant à 2017 et portant sur le vol de deux voitures.

Selon l'accusation, Kh. Abdelkader, 53 ans, K. Adda, 45 ans, et B. Mourad, 36 ans, ont organisé le vol de deux Renault Symbol dans le quartier de Yaghmoracen en juillet 2017. Chacun des accusés étant chargé d'une mission précise : Mourad de fournir les clefs contrefaites, Abdelkader de voler les véhicules et Adda de les acheminer à Mostaganem soit pour les revendre en l'état avec des faux papiers ou les désosser et écouler en pièces détachées.

Mais, connus des services de police, Kh. Abdelkader et K. Adda (qui s'étaient rencontrés en prison, chacun purgeant une peine pour vol de voiture) ont vite faits d'être interpellés. Interrogés, ils ont reconnu les faits et donné le nom de K. Adda comme leur complice.

Devant le juge d'instruction, les trois suspects feront marche arrière et affirment avoir fait des aveux sous la contrainte. Mais le magistrat estimera que les charges sont suffisamment étayées et les écrouera pour association de malfaiteurs, selon les articles 176 et 177, alinéa 1 du code pénal, et vol qualifié, suivant l'article 353, alinéas 3, 4 et 5.

A la barre, les trois accusés ont maintenu leurs dénégations en assurant avoir été battus par la police : «Tous les aveux m'ont été extorqués sous la torture», ont-ils unanimement dénoncé, K. Adda allant même jusqu'à accuser les policiers de Relizane, wilaya dont il est originaire, de l'avoir incriminé par vengeance : «A cause de moi, des policiers de Relizane ont été emprisonnés ou sanctionnés et là, ils se vengent», a-t-il soutenu en indiquant avoir injustement été cités dans des affaires à Boumerdès et Oran.

Pour l'avocate de la partie civile, les pièces contenues dans le dossier d'accusation prouvent, au contraire, qu'il s'agit de professionnels qui se sont spécialisés dans le vol des Renault Symbol. Assertion que le représentant du ministère public a prise à son compte pour requérir 20 ans de prison contre les accusés : «Nous avons des aveux devant la police, une caméra de surveillance qui montre une Renault Campus, louée par Kh. Abdelkader, roulant derrière une voiture volée et des appels téléphoniques échangés par les accusés».

Pour la défense, rien ne prouve que les accusés sont coupables des faits retenus : les aveux devant la police doivent être pris avec prudence parce qu'ils ne constituent pas une preuve aux yeux de la loi, la caméra de surveillance n'a pas montré les visages des mis en cause et aucun d'eux n'a été arrêté en flagrant délit ni en possession d'éléments matériels prouvant le vol des voitures. Les avocats qui considèrent ainsi que l'enquête a été bâclée et que leurs clients ont été réellement malmenés par les services de police, plaident l'acquittement pur et simple. Après délibérations, les trois accusés seront condamnés à cinq de prison ferme, assortie d'une amende de 500.000 DA, et au paiement solidaire à la partie civile de dommages et intérêts s'élevant à 150 millions de centimes.