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Education: Réunion décisive de l'intersyndicale

par Yazid Alilat

Tous les regards seront braqués aujourd'hui lundi 7 janvier sur la rencontre que vont tenir les six membres de l'intersyndicale à Alger, probablement en prélude à des actions de protestation musclées contre l'absence de dialogue et les atteintes aux libertés syndicales par le ministère de l'Education nationale.

En effet, rien ne va plus entre les syndicats des enseignants et travailleurs du secteur et leur tutelle, accusée notamment d'attenter aux libertés syndicales et de faire ?'cavalier seul'' sur de nombreux dossiers, dont la pédagogie, les œuvres sociales, le harcèlement d'enseignants et enseignantes syndicalistes. En clair, la rencontre de ce lundi des responsables de l'intersyndicale (Unpef, Cnapeste, Snapeste, Snte, Cela, Satef) va se pencher sur la situation prévalant au niveau du secteur de l'Education nationale, sur une stratégie de défense des acquis des travailleurs, et les mesures à prendre, dont la grève, en vue d'amener la tutelle à répondre aux différentes revendications des enseignants. Plus concrètement, les syndicats reprochent à leur tutelle des décisions pédagogiques et de suivi des carrières sans concertation, qui ont été prises unilatéralement, et les graves menaces contre les libertés syndicales. A l'origine du retour de la grogne au sein des membres de l'intersyndicale, le refus de dialogue du ministère de l'Education. La réunion de l'intersyndicale tenue mardi 11 décembre dernier avait en fait stigmatisé ce manque de dialogue avec le partenaire social adopté par le ministère. Au niveau de chaque syndicat, il y également beaucoup de reproches faits au ministère, mais également aux ?'académies''; qui souvent sanctionnent sans raison des enseignants, avec le cas des deux enseignantes d'Alger-Centre affectées par mesure disciplinaire et leur harcèlement. La rencontre de l'intersyndicale, qui examinera les résultats et les décisions prises par chaque syndicat membre au cours des conseils nationaux, tenus samedi, devra sortir avec des décisions fermes. ?'Nous allons discuter de la situation actuelle, et des mesures à prendre pour se faire entendre avec la tutelle'', indique au Quotidien d'Oran le porte-parole du Cnapest, Messaoud Boudiba. ?'Il est clair que nous allons entériner toute décision appropriée que prendra l'intersyndicale'' à l'issue de cette rencontre, a-t-il précisé, rappelant que la ministre ne s'est pas manifestée jusqu'à présent, hormis une réponse à l'un des deux communiqués, faits à la fin de l'année, par l'Unpef. Le Cnapeste va déléguer des représentants à la rencontre de l'intersyndicale, qui seront mandatés pour entériner les ?'décisions qui y seront prises'', souligne la même source. Dans un communiqué de son conseil national, transmis hier dimanche à notre rédaction, le Cnapeste a dénoncé ?'les pressions et les atteintes aux libertés syndicales, la baisse du pouvoir d'achat des travailleurs, les pressions sur l'enseignant et sa liberté dans le domaine pédagogique, le refus de toute atteinte aux acquis des enseignants dont les œuvres sociales''. Le conseil national du Cnapeste a, à l'issue de ses travaux samedi, mandaté son bureau national pour le représenter à la rencontre de ce lundi de l'intersyndicale, pour ?'discuter des stratégies des revendications et actions de protestation que la réunion (de l'intersyndicale) décidera''. Pour maintenir la pression sur le ministère, le conseil national du Cnapeste a également appelé les enseignants à tenir des assemblées générales au sein de leurs établissements pour examiner la situation, les problèmes qui se posent aux enseignants au niveau local, régional et national, leurs revendications et les mesures à prendre pour les résoudre. Messaoud Boudiba a rappelé, par ailleurs, que la réunion de l'intersyndicale de ce lundi ?'devra examiner la situation actuelle sur les fronts professionnel, pédagogique et syndical, et décider du plan d'action à suivre, notamment le retour à la plateforme de protestation syndicale'' Même veillée d'armes chez les autres membres de l'intersyndicale, où on met en évidence l'absence de dialogue avec le ministère sur les principales revendications des syndicats indépendants. Le climat s'était brusquement détérioré entre les deux parties, après le ?'coup de gueule'' de Meziane Meriane, coordinateur du Snapeste, qui avait vers la fin de l'année dernière stigmatisé le refus de dialogue du ministère, et donc poussé les syndicats à se retirer de la charte de déontologie proposée par la tutelle. ?'Nous avons décidé le boycott de toutes les réunions pour dénoncer les entraves à l'activité syndicale malgré les engagements pris par la ministre. Les dispositions de la charte sont bafouées, d'où notre décision de nous retirer'', avait précisé Meziane Meriane, le coordinateur national du Syndicat des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapeste). La réunion de l'intersyndicale va d'autre part plancher sur les propositions de chaque syndicat affilié, y compris un débrayage. ?'La, on peut aller vers la grève ou des actions de protestations dures, comme les sit-in et des actions d'accompagnement'', annonce le porte-parole du Cnapeste. De son côté, la responsable du secteur, Mme Nouria Benghebrit, a réaffirmé hier dimanche, par rapport à la menace d'un retour au débrayage des syndicats d'enseignants, sa disponibilité pour maintenir le dialogue entre les deux parties. Elle a affirmé à la radio nationale que ?'je suis ouverte au dialogue avec les syndicats''. ?'Mais, ajoute-t-elle, on ne peut réagir via la télévision ou les journaux: il y a une démarche''. ?'Il n'y a aucun problème de notre point de vue, et seul le dialogue peut amener à trouver les points adéquats'', a-t-elle affirmé, avant de préciser qu'''il y a une discorde qui fait l'objet d'une discussion''. Pour l'instant, ?'il n'y a pas eu dépôt d'un avis de grève'', nous a affirmé M. Boudiba.