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Les «hommes» du Président

par El Yazid Dib

Je n'aurais en aucun cas voulu débuter l'année en chroniquant sur une veulerie, une cachotterie ou une fausseté. C'est aussi simple. Sur twitter, croyant innover dans la virtualité journalistique, à défaut d'un sondage direct, j'ai posté ceci : « Vive Bouteflika... on va voir les réactions ». Sachant bien que sur ce réseau bien d'hommes, de femmes, de corporations, de partis, de comités y narrent leurs activités, leurs passions et leur palmarès. La communication institutionnelle, s'est instaurée telle une mode, à la limite d'un impératif de modernité ou d'un besoin de popularité. Elle est là et s'exerce comme une administration forte et pérenne. Elle se fait parfois par ceux-là mêmes qui, responsables, ministres, walis, ambassadeurs, institutions publiques prétendent gérer par eux-mêmes le flux et le reflux de com's. Pour d'autres, on le sent, elle reste dévolue à un secrétariat. Le ministère en chef de la com ne se manifeste que lors de reprise d'une dépêche d'agence. Certains plus ou moins, activent en solo et réagissent régulièrement en termes de culture ou de sport. D'autres sont totalement hors champ. Leur communication serait une préhistoire, s'il n'y avait pas de télévisions. Mon dit poste, à mon malheur, n'a eu aucun « j'aime », si, un seul, pendant que sa gestion personnelle m'indiquait qu'au cours d'une heure, il a été vu une centaine de fois. Alors que mon intuition me bouscule pour me dire où sont passés ces annonciateurs, ces activistes, ces abonnés et fervents du net ? Elle me murmure également que chez ces gens-là, les amours ne se pratiquent ni directement ni publiquement. Elles ne se font que par image. Sans aveu personnel, elles ne sont qu'un amour professionnel, de métier. Se prendre en photo au-dessous du portrait du Président serait suffisant pour une déclaration d'amour estimeraient-ils. Non Monsieur le Président, ne croyez plus en leurs fantaisies ni en leurs variables inclinaisons. Certains de ces hommes qui vous entourent ne sembleraient pas vous « aimer » à ne pas en périr. J'ai cru comprendre avec toutefois une grande marge dans la probabilité d'erreur qu'un amour faux et tronqué pourrait aussi se déclamer par un discours du bout des lèvres élogieux fut-il ou dans des lignes graphiques superbement arrangées. Et là ça sent le roussi. L'étouffement ou le « Allah ghaleb ». Un simple p'tit clic sur un cœur, aurait suffi au citoyen twitteur pour le prendre comme un acquiescement à son tweet de vivats. Mais là, le lire et passer son chemin, écarquillant ses iris et peut-être y voir un pari redoutable, n'est-il pas une mesure de sûreté, un mode de prudence, une façon de se conserver pour des jours que l'on ne sait à qui vont-ils donner le pouvoir ? Ils font agiter le verbe et l'action dans les tubes cathodiques, car il n'y a pas d'interaction sur terrain. Ils produisent ce qu'ils veulent vendre, car il n'y a pas l'avis du consommateur sur le produit. Mais de là, à se trouver dans un face-à-face, presque un p'tit jeu de direct et se taire, se terrer ; n'est-ce pas là un regard aveugle, déloyal et fallacieux envers votre personne ? C'est aussi simple Monsieur le Président, faites-vous lire les tweets et les retweets. C'est une grosse boîte de gémissement populaire, une véritable urne, un libre élément d'évaluation. Vous y verrez l'artifice et la parade, le cri des uns et le silence des autres, l'esbroufe et la grosse menterie, la complaisance et la prise du bâton par le milieu. Ils cajolent certes votre pouvoir et craignent vos verdicts mais ne crient pas à votre vivat. Bonne année tout de même à eux, à ceux qui inspirent mes écrits, les lorgnent ou s'en délectent...