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Ce n'est pas Trump le problème mais l'Amérique qui l'a élu

par Kharroubi Habib

Il n'y pas que les pétro-monarchies arabes ou les «pays de m?», ainsi qu'il a qualifié certains, que Donald Trump traite avec condescendance et profère à leurs égards d'humiliants propos. Le président de la France, pays ami des États-Unis et historiquement leur plus ancien allié, l'a appris à ses dépens en prenant connaissance de la bordée de tweets que lui a destinés le fantasque président américain aussitôt rentré de son séjour parisien durant lequel il a pris part aux cérémonies commémoratives du centenaire de la signature de l'armistice qui a mis fin à la Grande Guerre de 14-18.

Donald Trump a en effet tweeté sur son homologue français et son pays des considérations qui, au-delà de leur prétention à l'ironie, ont été révélatrices du peu d'estime qu'il a et pour l'un et pour l'autre. En résumé, les tweets de Donald Trump ont visé à faire comprendre qu'il n'est pas près d'oublier qu'Emmanuel Macron a été «insultant» à l'égard des États-Unis en remettant sur le tapis l'idée de la création d'une armée européenne distincte de l'OTAN dont le leadership est assumé par l'Amérique.

La rancœur à l'encontre de Macron et de son pays, Trump l'a fielleusement distillée en se gaussant sur la faiblesse du niveau de popularité qu'à le premier auprès de ses propres concitoyens et en sous-entendant de façon déshonorante pour le second qu'il a été peuplé de «collabos» avec l'Allemagne nazie ; cette même Allemagne avec laquelle il voudrait créer aujourd'hui une armée européenne destinée, selon le propos de son président, à protéger l'ensemble européen du danger qui pourrait venir de la Russie, de la Chine et même de l'Amérique.

Macron s'est indéniablement trompé en pensant qu'en tissant avec Trump une relation personnelle amicale et dénuée de calculs, il parviendrait à l'influencer et lui faire changer sa vision sur les rapports qu'il estime être ceux de son pays et l'Europe agrégée avec lui dans l'Alliance atlantiste.

Il a fait l'erreur de considérer que «l'Amérique d'abord et qu'elle est de retour», que Donald Trump n'a de cesse de marteler en tant que candidat d'abord puis en tant que président en exercice, n'a été qu'un slogan électoral qui n'allait pas prêter à conséquence sur les liens américano-européens. Il aurait dû comprendre qu'il se méprenait sur le personnage dès le camouflet qu'il a infligé à l'Europe en faisant cavalier seul sur le dossier du nucléaire iranien et en lui intimant avec une humiliante arrogance qu'elle doit cesser toute transaction commerciale avec Téhéran sous peine d'être elle-même sanctionnée.

Trump est le produit d'une Amérique qui ne se prétend plus «vertueuse» et exemplaire «dans son rapport avec reste du monde, y compris avec l'Europe qui se déclare toujours son alliée. L'Amérique qui l'a élu est celle qui entend soumettre la gouvernance du monde à la loi de la jungle qu'elle sait pouvoir exercer de par sa puissance économique et militaire.

Partant de cette réalité américaine, Donald Trump a insidieusement fait comprendre à la France et à son président qu'ils ne sont pas de taille à peser sur les enjeux que vise la politique internationale américaine sous sa conduite et que tout ce qu'ils s'essayent de faire relève de la fable de «la grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf».