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Finances: Les hydrocarbures ne vont plus assurer la croissance

par Yazid Alilat

Le gouvernement a abandonné la piste des hydrocarbures pour relancer la croissance économique en 2019, qu'il a prévue en baisse par rapport à 2018 dans son projet de loi de finances, examiné hier dimanche en commission au Parlement. Le ministre des Finances Abderahmane Raouya, qui a présenté devant la Commission des finances et du budget de l'Assemblée populaire nationale (APN) le PLF 2019, a clairement indiqué que l'exécutif ne comptera plus sur les ventes d'hydrocarbures pour soutenir la croissance en 2019, prévue en baisse à 2,6% contre les 4% prévus pour cette année. Le ministre des Finances a indiqué que le projet de loi de finances pour 2019 prévoit un taux de croissance économique globale de 2,9% et de 3,2% hors hydrocarbure. Les secteurs de l'Industrie, du BTP, l'Agriculture ou les Services seront sollicités pour soutenir la croissance en 2019, explique le ministre selon lequel les prévisions d'exportations des hydrocarbures tablent sur un recul de 1% en termes de volume pour s'établir à 33,2 milliards de dollars.

Selon le premier argentier du pays, en volume, la croissance hors hydrocarbures en 2019 sera dans le secteur du Bâtiment et des Travaux publics de 4,7%, de 5% dans l'Industrie, de 3,7% dans l'Agriculture et de 1,8% dans les services marchands et non marchands de l'Etat. Le PLF 2019 a été élaboré sans surprise sur la base d'un prix classique du brut à 50 dollars par rapport à un prix moyen sur les marchés pétroliers de 60 dollars/baril, explique encore le PLF 2019, qui prévoit en outre que la parité du dinar algérien devrait se situer autour de 118 dinars pour un dollar, alors que l'inflation prévue sera de 4,5% en 2019 contre 5% en 2018. Pour 2020, le gouvernement prévoit un taux d'inflation de 3,9% et 3,5% en 2021. Optimiste, le gouvernement escompte réaliser en 2020 une croissance économique de 3,4% et 3,2% en 2021 avec une moyenne de croissance hors hydrocarbure de 3,1% en 2020-2021. Les prévisions du PLF 2019 tablent par ailleurs sur une légère remontée du volume des exportations d'hydrocarbures de 4,2% en 2020, générant des recettes estimées à 34,5 milliards de dollars et de 2% en 2021 pour des recettes de 35,2 milliards de dollars.

Vers une précarité financière

En matière de commerce extérieur, le même projet de loi de finances prévoit un recul des importations en 2019 à 44 milliards de dollars en 2019, 42,9 milliards de dollars en 2020, et 41,8 milliards de dollars en 2021. Fatalement, le déficit de la balance commerciale sera très important, selon le texte de projet de loi, de 10,4 milliards de dollars en 2019, 8,2 milliards de dollars en 2020 et 6,4 milliards de dollars en 2021. Dans la foulée, le gouvernement prévoit sur la période 2019-2021 une baisse continue de la balance des paiements, qui devrait retomber de 17,2 milliards de dollars en 2019 à 14,2 milliards de dollars en 2020 et 14 milliards de dollars en 2021. Les réserves de change vont cependant se contracter pour passer en 2019 à 62 milliards de dollars, puis 47,8 milliards de dollars en 2020 et 33,8 milliards de dollars en 2021. Une érosion très rapide et franche des réserves de change, qui s'établissaient à 88,1 milliards de dollars à fin juin dernier.

Ces chiffres montrent clairement que l'économie algérienne va traverser une période de grande précarité financière et seule une remontée du volume des exportations de brut et une hausse soutenue des cours au-delà des 80 dollars/baril peuvent donner quelques assurances sur le front économique externe. Le ministre des Finances a dans ce sens souligné que le projet de loi de finances pour 2019 poursuit les efforts du gouvernement pour éliminer progressivement l'impact négatif sur l'économie nationale du recours au financement non conventionnel, dicté par une baisse drastique des recettes pétrolières et une forte pression sur les réserves de change induite par une hausse incontrôlée des importations à plus de 45 milliards de dollars prévus pour 2018. D'autre part, les recettes budgétaires prévues pour 2019 sont de 6.507,9 mds de dinars, en hausse de +0,2% (6.496,58 mds de dinars prévus en clôture de 2018), et les dépenses s'établiraient à 8.502,2 mds de dinars, en baisse de 1,5% par rapport à 2018 (8.628 mds de DA), soit un déficit budgétaire de 9,2% par rapport au PIB. Le même PLF 2019 prévoit une hausse de 7,5% des dépenses de fonctionnement à 4.954.5 milliards de dinars et une baisse des dépenses d'équipement de -6,1% pour les autorisations de programme qui baisseront à 2.601,7 milliards de dinars et -12,2% pour les crédits de paiements, qui se situeraient à 3.547,7 milliards de dinars contre 4.043,3 milliards pour 2018. Les membres de la commission de l'APN ont entamé, au terme de cette présentation faite par le ministre des Finances, le débat autour du projet de loi avec le ministre et les directeurs centraux du ministère.