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Pour diffamation et atteinte à la vie privée: Trois journalistes en détention préventive

par Yazid Alilat

Les journalistes Adlène Mellah, Abdou Semmar et Merouane Boudiab, accusés notamment de diffamation et outrage aux institutions et atteinte à la vie privée, ont été placés jeudi en détention préventive, ont annoncé les services de sécurité.

Selon l'avocat de Adlène Mel-lah, Me Abdelghani Badi, le directeur des sites d'information Algérie Direct et Dzair Presse, a été placé en garde à vue lundi soir et a été inculpé jeudi «d'outrage aux institutions», «enregistrement ou prise de vue sans autorisation ou consentement» et «atteinte à la vie privée», puis incarcéré.

Le directeur des sites Algérie Direct et Dzair Presse est visé, toujours selon son avocat, par des plaintes émises par le PDG d'Ennahar, Anis Rahmani, par le wali d'Alger Abdelkader Zoukh et par Abderahmane Benhamadi, PDG du groupe Condor. Adlène Mellah a été déféré en compagnie d'un ancien footballeur, d'un comédien et du frère d'Amir Boukhors, un blogueur réfugié en France, recherché par Interpol après qu'un mandat d'arrêt international ait été lancé contre lui en juin dernier.

Les investigations se concentrent sur des faits de chantage, publication de photos dégradantes sur Facebook, d'émission de fausse monnaie, de diffusion de données personnelles obtenues illégalement, d'atteinte à la vie privée et de diffamation, indique dans un communiqué daté de jeudi la Gendarmerie nationale, qui n'a pas divulgué l'identité des personnes arrêtées.           La campagne de désinformation sur le site Amir.DZ vise particulièrement le PDG d'Ennahar, Anis Rahmani.

Il y a un peu plus d'une semaine, la Gendarmerie nationale avait arrêté plusieurs personnes, qui avaient été présentés devant le tribunal de Bir Mourad Raïs, selon le site Alger24.net, appartenant au groupe Ennahar. Cette affaire de chantage avait été annoncée il y a deux semaines par Ennahar TV, qui a dénoncé une campagne de désinformation menée notamment par M. Boukhors contre le PDG du groupe, des personnalités et des responsables de grands entreprises privées. Sur les réseaux sociaux, l'affaire est très suivie, puisqu'un comédien très populaire et une ex-star du football y seraient impliqués et ont été placés en détention provisoire à la prison d'El Harrach. L'annonce de l'arrestation et la mise en détention du directeur du site de Dzair Presse intervenait presque en même temps que l'arrestation du rédacteur en chef et du journaliste du site électronique «Algérie Part» Abdou Semmar et Merouane Boudiab. Placés mardi dernier en garde à vue, Semmar et Boudiab ont été inculpés de «diffamation» contre Ennahar, sur plainte de M. Rahmani, a expliqué leur avocat, Me Amine Sidhom. «Nous ne connaissons pas exactement l'article» visé par la plainte, a-t-il dit, «car nous n'avons pas encore obtenu copie du dossier». ?'AlgériePart'' aurait récemment relayé des accusations lancées contre M. Rahmani par le site Amir.dz. Jeudi soir, la gendarmerie nationale avait annoncé le démantèlement d'un réseau utilisant les «réseaux sociaux et Internet à des fins criminelles». La gendarmerie nationale a expliqué avoir traité plusieurs affaires relatives à l'usage des réseaux sociaux et d'internet «à des fins criminelles», soulignant qu'il s'agit de sept affaires liées à «la publication de photos attentatoires sur le réseaux social Facebook, le chantage, falsification de billets de banque, divulgation de données obtenues de manière frauduleuses, diffusion de publications injurieuses aux cadres de l'Etat, participation au chantage, l'atteinte à la vie privée des personnes via des publications sur les réseaux sociaux et des sites web, la diffamation, les attaques et la diffusion d'images incitatives». «L'approfondissement des investigations et inspections, l'extension de la compétence à certaines wilayas et le recours à l'expertise scientifique des experts de l'Institut national de criminalistique et de criminologie de la GN (situé à Bouchaoui, NDLR) et du service central de la lutte contre la cybercriminalité, ont permis l'arrestation des membres formant ce réseau criminel, qui exercent différentes fonctions et la récupération de preuves les incriminant», affirme le même communiqué selon lequel «Tous les individus arrêtés ont été présentés à la justice.» En outre, la gendarmerie nationale a expliqué que «les victimes de ce réseau criminel ont fait l'objet de marchandage et d'extorsion sous menace de diffamation et d'atteinte à la liberté des personnes via les réseaux sociaux». Selon les enquêteurs, «ce réseau a utilisé, dans la pratique de ses crimes, l'escroquerie, la ruse, l'abus de fonction et le partage de rôles pour ne laisser aucun doute à leurs victimes, en se divisant en quatre groupes (collecte d'informations, montage, exercice de pression, intermédiation, marchandage et collecte d'argent)».