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Corruption dans le football algérien: Le magazine «France-Football» met son grain de sel

par M. Benboua

Un mois après la publication de l'enquête menée par le média britannique, la BBC, sur le phénomène de la corruption et les matches truqués dans le championnat algérien, voilà que le très renommé magazine français France-Football se met de la partie en publiant hier dans les pages de son quotidien sportif les détails de l'enquête de la BBC, sous le titre «Bienvenue au pays de la corruption». Déjà gangrené par de nombreux problèmes d'ordre sportifs, financiers et parfois même identitaires, le football algérien connait visiblement une période très difficile. En effet, France-Football estime qu'il est très facile de truquer les résultats d'un match du championnat Ligue 1. Et les tarifs sont aussi variés que les résultats escomptés. Ainsi, pou une victoire lors d'un match disputé à l'extérieur, il suffit de verser l'équivalent de 58.000 euros. Un match nul est négocié à partir de 14.000 euros, alors qu'un penalty se vend entre 7 et 14.000 euros par les organisateurs des matchs. Selon le média français, même en Ligue 2 il existe un barème des prix. Des révélations qui appuient les conclusions de l'enquête menée par la BBC pendant trois ans, mais qui n'apportent aucun témoignage concret ou objectif.

D'ailleurs, France-Football indique avoir eu un accès exclusif aux documents sur lesquels s'est basée la radio publique britannique pour faire son travail. Le média français relève également que «les joueurs et les arbitres, eux, sont des proies faciles», tout en visant directement les présidents de clubs : «Le plus choquant n'est peut-être pas le nombre de matches suspectés d'avoir été arrangés, mais le fait que tous les acteurs de ce drame savent que ces arrangements ne relèvent pas de la fiction, et qu'on en parle même ouvertement entre fans et dans les médias locaux sans que les autorités fassent autre chose que s'en émouvoir?», peut-on lire sur les pages du magazine français qui évoque une source qui soutient que «tous les présidents de clubs sont des voleurs et des escrocs qui se servent de leur position pour faire prospérer leurs affaires». Il fait remarquer que la masse importante d'argent qui circule dans les sphères footballistiques algériennes n'a pas rendu pour autant le football local plus riche bien qu'il ait pu embrasser le professionnalisme en 2010.

Par ailleurs, France-Football s'est attaquée directement au club algérois de l'USMA l'accusant indirectement de blanchiment d'argent. «Tout au plus sait-on que l'USM Alger, le mieux loti des seize clubs de l'élite, dépensa 6,5 millions d'euros en 2015, tandis qu'on estime le budget des formations les plus modestes au cinquième environ de cette somme», fait encore remarquer France-Football.

Et pourtant, la situation financière est à ce point critique, rappelle le journal français, qu'en juillet 2018 quinze des 32 clubs pros se virent infliger une interdiction de recrutement, leur endettement ayant dépassé le plafond de 10 millions de dinars mis en place par la LFP.

Même le président de la FAF, Kheireddine Zetchi, n'a pas été épargné par le média français qui lui a consacré un article complet sous le titre: «Le président Zetchi dans la tourmente». Un acharnement sans précédent qui cache certainement des motivations autres que sportives. En tous cas, dans la lignée de ses prétentions, France-Football n'a pas manqué de préciser que toutes ces informations ont été remises à la FIFA, laquelle a saisi sa commission d'éthique et sa commission de discipline. Voilà qui risque tout simplement de plonger le football algérien dans l'abîme.