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Une décision anti-palestinienne occultée par le scandale de l'assassinat de Khashoggi

par Kharroubi Habib

Il y a quelques jours, le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo a publié un communiqué dans lequel il a annoncé la décision des Etats-Unis de fermer leur consulat à El-Qods, représentation diplomatique en charge depuis des décennies des contacts avec les dirigeants palestiniens. Annoncée alors que chancelleries, monde politico-médiatique et opinions publiques avaient l'attention entièrement rivée sur les péripéties de l'affaire Khashoggi, la décision de Washington est passée pratiquement inaperçue.

Ce regrettable désintérêt l'a fait passer pour « anodine » alors que l'Autorité palestinienne y a vu elle et à juste titre une nouvelle mesure prise par l'administration Trump visant l'humiliation qu'elle lui inflige et à tous les Palestiniens en même temps pour leur rejet de toute médiation américaine dans le dossier du conflit israélo-palestinien. Elle est même un point d'orgue dans ce processus d'humiliation puisque en confiant la mission dévolue à la représentation consulaire qui a été fermée à une section au sein de l'ambassade américaine à El Qods, l'administration Trump signifie à l'Autorité palestinienne qu'une éventuelle reprise de contact américano-palestinien passera par cette ambassade dont elle a dénoncé le transfert. Elle est de même la confirmation que Donald Trump contrairement à ce qu'il fait sous-entendre a définitivement enterré la solution à deux Etats pour résoudre le conflit israélo-palestinien.

Outre que l'intégration de l'institution consulaire américaine à l'ambassade dont le transfert à El Qods a accentué la mésentente entre Washington et l'Autorité palestinienne, elle fait de facto son premier responsable actuel David Friedman l'interlocuteur obligé des responsables de cette dernière. Lequel ambassadeur nommé par Donald Trump est un partisan fervent et déclaré du maintien des colonies en Cisjordanie et qu'il s'est constamment opposé à la création d'un Etat palestinien. Deux jours seulement avant que Washington n'annonce la fermeture du consulat et la dévolution de ses attributions à une unité au sein de l'ambassade sur laquelle il aura évidemment autorité, cet ambassadeur pro-sioniste et viscéralement anti-palestinien a clairement exprimé que pour lui la Cisjordanie n'existe pas en appelant ce territoire « Judée-Samarie » comme le font les milieux israéliens s'opposant au droit des Palestiniens à en revendiquer la propriété.

Le silence de la communauté internationale sur ce énième coup porté par Donald Trump au peuple palestinien et à son autorité nationale a fort heureusement été brisé devant le Conseil de sécurité par le directeur de l'ONG « B'Tselem » qui a prononcé un discours implacable dans lequel il a fait le procès de la politique américano-israélienne sur le conflit en Palestine et exhorté cette institution à l'action pour stopper le processus « calculé et délibéré » qui est à l'œuvre du fait de cette politique visant « au fractionnement d'un peuple entier, de fragmentation de son territoire avec pour but ultime d'en finir avec la solution à deux Etats ». C'est le même message alarmant que l'Autorité palestinienne tente de faire partager, hélas vainement encore, tant au sein de ce Conseil de sécurité que dans toutes les enceintes internationales où la question palestinienne est débattue.