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Exécutif communal: Le maire exige des comptes sur plusieurs dossiers

par Houari Saaïdia

  «Notre défilé du 5 Juillet, aussi grandiose que celui de Rio de Janeiro, c'était du tape-à-l'œil ou quoi ? Pour l'exhibition, on mobilise des foules et on déploie de gros moyens en un claquement de doigts. Mais pour enlever des panneaux pub, éradiquer des cas de squat de trottoir, curer des avaloirs, résorber des points noirs, on parle plus qu'on agit».

Avec l'autocritique incisive, le mea culpa au ton satirique qu'on lui connaît, le maire Boukhatem a commenté les piètres performances de son staff dans certains segments du plan de charges communal. Certes, le tableau n'est pas aussi noir que ne le laisse imaginer la diatribe en règle à laquelle s'est livré le premier magistrat de la ville. Il faut bien relativiser les choses en considérant le fait que ce conseil exécutif restreint était plus proche d'une séance didactique et managériale que d'un briefing au sens technique. Quand ça ne va pas, et c'est le cas pour les faits de gestion qui étaient soulignés en rouge sur le bloc-notes du président de l'APC, le chef se devait de le faire savoir à son équipe pour rappeler à l'ordre, remettre les pendules à l'heure, indiquer la voie à suivre. Le maire-manager, s'il a adopté lors de la table ronde des comportements toxiques pour le bien-être de la commune-entreprise, il a su toutefois combiner et concilier ce tempérament extrême avec le profil du maire alerte, bienveillant et ancré dans les enjeux de sa commune. Premier «dossier qui fâche»: les panneaux publicitaires sauvages.

LE PETIT BILAN DE LA GUERRE ANTI-PANNEAUX ILLICITES

Petit bilan d'une campagne -trop tiède- engagée dès le début du mandat actuel -et même bien en avant-: sur 200 panneaux illicites, 50 seulement, soit le quart du chiffre recensé, ont été démantelés. Pire, bon nombre de nouveaux panneaux ont poussé dans l'intervalle en dépit de la décision d'interdiction, à effet immédiat, de l'implantation de tout élément publicitaire au niveau des 12 secteurs urbains, notifiée par le maire en mai 2016. Une instruction en vertu de laquelle les délégations communales n'étaient depuis plus habilitées en matière d'autorisation d'installation d'outils publicitaires, laquelle prérogative devait échoir dès lors exclusivement à une commission compétente, sous le contrôle étroit du maire.

Débriefé, le vice-président chapeautant cette commission a justifié les résultats très mitigés de l'opération anti-panneaux par la disproportion du dispositif matériel mobilisé. «Avec le matériel engagé, on met toute une journée pour déraciner et évacuer un panneau ou deux, maximum. Il va falloir mettre en place une bonne force et déclencher une attaque non-stop suivant un plan d'intervention. De la sorte, on assainira le paysage à 100% au bout de 15 jours, tout au plus». Manque de volonté et d'entrain au niveau des SU, inexécution d'ordres du Cabinet, manque de coordination Commission-Divisions-SU? Au fond, à y regarder de plus près, il y a un peu de tout cela à la fois. Provoquer en un clin d'œil un défilé bien fourni en engins motorisés, ayant sa tête à place d'Armes et sa queue au rond-point de Zabana, pour les besoins de la commémoration et de la réjouissance publique, et être incapable à rassembler l'équivalent de 1/100e à l'effet d'une petite opération épiderme anti-illicite, cela n'honore en rien la ville d'Oran. D'où la réplique violente de Boukhatem, qui a signifié un ultimatum de 15 jours pour clore ce dossier. Outre l'anarchie que génère en plein cœur de la cité cette publicité urbaine «en noir» et tous azimuts, la moins-value financière qu'elle induit est fâcheuse pour la collectivité.

MANQUE DE MOYENS? OU DE VOLONTE ?

En tout cas, ce n'est pas avec cette attitude à la milite de la tolérance -voire la complaisance- vis-à-vis des annonceurs clandestins que la municipalité va espérer convaincre les annonceurs «disciplinés» à revoir à la hausse leur niveau de soumission et améliorer ainsi les recettes de ce chapitre, qui ne dépassent guère le montant de 3 milliards, le tiers du prévisionnel porté sur le BP 2018.

Autre dossier chaud abordé par le conseil exécutif: les situations impayées des BET et des entreprises de réalisation concernant les projets livrables à brève échéance, comme celui d'une bibliothèque municipale, une annexe administrative, une garderie, la salle de cinéma Marhaba (ex-Escurial), les logements de fonctionnaires à Boulanger, entre autres. C'est le président de la CATU qui a tiré la sonnette d'alarme sur cette situation.

Le secrétaire général de la commune, soutenu dans son plaidoyer par la trésorière communale et la directrice des finances, a beau souligner que tous les projets en PCD et sur subvention de wilaya ont été réglés en paiement, à l'exception de ceux lancés par autofinancement, tout en évoquant dans la foulée un déficit budgétaire de 22 milliards, le président de la CATU est resté non convaincu, interpellant le maire Boukhatem.

Déficit de 22 milliards ? En fait, la commune d'Oran a bénéficié au titre du BP 2017 de subventions d'Etat et autres collectivités publiques d'un montant global de 150 milliards, en inscription par anticipation de 50% de la subvention pour faire face aux augmentations de salaires, et d'autres attributions de 156 milliards, en inscription par anticipation de 50% de la moins-value de l'année 2017, ainsi que d'autres attributions. Une partie de ces subventions, de l'ordre de 22 milliards, n'avait pas été virée dans les caisses de la commune.

LES ENTREPRISES NON PAYEES ET LE FAMEUX DEFICIT DE 22 MILLIARDS

Pourtant, faute d'un compte de gestion adoptée alors, l'APC a bel et bien comptabilisé ce crédit budgétaire, certes promis par la tutelle mais non transféré au compte communal.

La mi-janvier 2017, on s'en souvient, sur fond de crise financière aiguë vécue alors par la commune d'Oran, un montant de 60 milliards avait été versé à la trésorerie communale, fruit de négociations marathoniennes wilaya-commune-administration fiscale, sous les auspices du DAL. Il avait été alors annoncé l'injection de 29 milliards dans le compte de la trésorerie communale, au titre de la perception de la taxe d'assainissement et de la taxe foncière, qui reviennent de droit à la commune, ainsi qu'un autre montant de 31 milliards, qui devait suivre à un mois d'intervalle, versé par les Impôts celui-ci, soit au total 60 milliards. Par ailleurs, le maire a exigé des comptes concernant le dossier de 239 associations qui n'ont versé aucun sou à la commune au titre de la location de locaux communaux, ordonnant le blocage séance tenante des subventions communales au profit de ces associations en plus d'autres décisions qui seront prises ultérieurement à la lumière de l'enquête qui sera diligentée par la DRG à ce sujet.