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10 ans de prison pour trafic de drogue

par M. Nadir

  Le tribunal criminel de première instance près la cour d'Oran a prononcé, hier, quatre condamnations à 10 ans de prison et un acquittement dans une affaire de trafic de 43 kilogrammes de résine de cannabis, survenue en mars 2016 dans la wilaya de Béchar.

Le 07 de ce mois-là, des renseignements faisant état de l'existence d'une opération d'importation de kif à partir du Maroc sont parvenus aux éléments de la gendarmerie qui ont resserré la surveillance au niveau du barrage situé sur la RN 6 entre les villes de Béchar et Béni Ounif. Aux environs de minuit, ils arrêtent une Peugeot 406, roulant en direction de Béchar et répondant au signalement de la voiture devant sécuriser la route pour le véhicule transportant la marchandise. A l'intérieur, trois personnes, Dj. Abdeldjabbar, D. Mohamed et Kh. Hadj, sont interpellés et conduits à la brigade de gendarmerie. Au même moment, à plusieurs kilomètres de distance de là, le passager d'un camion en mouvement jette deux sacs contenant de la drogue, s'écorchant au passage et laissant des traces de sang sur l'objet du délit. Les gendarmes retrouveront les deux sacs plus tard et constateront qu'ils contiennent 43 kilogrammes de résine de cannabis.

Interrogé par les gendarmes, Kh. Hadj, 44 ans, dénonce un certain K. Aboubakr comme étant le responsable de l'opération. Celui-ci sera arrêté chez lui et ne fera aucune difficulté pour reconnaître les faits en expliquant qu'il s'est engagé dans cette opération pour pouvoir soigner sa mère qui souffre d'un cancer. Les enquêteurs interpelleront aussi un certain K. Brahim, suspecté d'être le chauffeur du camion, qui ne cherchera pas non plus à nier les faits. Grâce à la drogue saisie et aux aveux des suspects, le magistrat instructeur inculpera tout le monde pour les chefs d'inculpation d'importation et de trafic de drogue selon les articles 02, 09 et 17, alinéas 1 et 3, de la loi 18-o4 portant lutte antidrogue.

A la barre hier, K. Aboubakr, chauffeur routier de 37 ans, maintiendra ses aveux en expliquant qu'il était en contact avec un Marocain répondant au nom de Cherif qui lui avait proposé de transporter une quantité de drogue en contrepartie d'une Seat Ibiza. L'accusé dit avoir accepté en pensant à sa mère malade et aux soins qu'il aurait pu lui assurer après avoir revendu la voiture. Il affirmera que la drogue lui appartient ainsi qu'à Kh. Hadj mais niera connaître Brahim, le chauffeur, et tentera d'innocenter Abdeldjabbar.

Hormis Brahim qui ne changera rien à ses aveux en insistant sur le fait que c'est Dj. Abdeldjabbar qui lui avait proposé de transporter la drogue contre 50 millions de centimes (et qui l'a appelé au téléphone pour lui intimer l'ordre de se débarrasser de la drogue), tous les autres accusés ont nié une quelconque participation à l'opération. Dans un très bref réquisitoire basé sur les aveux des deux accusés, le représentant du ministère public requerra 15 ans de réclusion contre l'ensemble des mis en cause.

Alors que les avocats de Aboubakr et Brahim demanderont les circonstances atténuantes pour leurs clients en raison de leur situation sociale précaire et des aveux qu'ils ont faits dès le départ, la défense des autres accusés plaideront l'acquittement de leurs clients pour absence de preuves matérielles les reliant à ce trafic de drogue.

A l'issue des délibérations, le tribunal acquittera D. Mohamed, 34 ans, aucune preuve à charge n'ayant été retenue contre lui, et condamnera les quatre autres à 10 ans de prison après leur avoir accordé les circonstances atténuantes.