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Une faute de jeunesse, deux avenirs compromis

par M. Nadir

Aboubakr et Mahdjouba, deux jeunes gens de 20 et 18 ans, viennent de voir leur avenir compromis par une décision de justice qui a sanctionné une faute commise il y a une année dans le secret d'un appartement d'El Kerma. Ce 27 novembre 2016, Aboubakr a commis le péché suprême avec Mahdjouba qui n'était âgée que de 17 ans. Les deux jeunes, qui ne se connaissaient que depuis quelques semaines, ont commis l'irréparable dans l'appartement familial désert d'Aboubakr dans un acte qu'ils ont qualifié d'accidentel. Ce que la mère de l'adolescente -abandonnée par son mari avec huit enfants- a très mal vécu et a résolu d'aller porter plainte auprès des services de police.

Interpellé et interrogé, Aboubakr n'a pas cherché à nier les faits, en précisant toutefois qu'il ignorait que Mahdjouba était mineure, ce qui le mettait sous le coup du grave chef d'accusation d'attentat à la pudeur sur mineure n'ayant pas atteint 18 ans, acte sanctionné par une peine de prison pouvant aller de dix à 20 ans de réclusion criminelle. Mais dès le début de l'instruction, la famille d'Aboubakr a sollicité la main de la fille, à la fois, pour éviter au garçon la prison mais aussi parce que les deux jeunes gens avaient émis leur désir de se marier. Procédure qui n'a pas pu aller à son terme, malgré les efforts des deux parties, en raison de l'absence du père de Mahdjouba qui, installé à Alger, ne voulait rien à voir avec son ex-femme et leurs huit enfants.

C'est ainsi que S. Aboubakr, aujourd'hui 20 ans, a été présenté, lundi dernier, devant le tribunal criminel d'Oran pour répondre de viol sur mineure de moins de 18 ans. A la barre, l'accusé a répété ses aveux, niant savoir que Mahdjouba était mineure, et réitérant son intention de la prendre pour épouse.

De son côté, la victime, accompagnée de sa mère, a relaté la rencontre avec Aboubakr et les circonstances qui l'ont conduite à cette situation. Elle a nié que Aboubakr l'ait forcée à quoi que ce soit : «Je l'ai accompagné de mon propre gré à l'appartement de sa famille mais sans intention aucune. Ce qui est arrivé est accidentel, nous n'avions rien prévu».

Dans un très bref réquisitoire, le ministère public s'est satisfait des aveux de l'accusé et a requis six années de prison ferme.

L'avocate de la défense, elle, a axé toute sa défense sur les tentatives aussi désespérées que vaines des deux parties de parvenir à unir les deux jeunes gens : «La victime est revenue sur la plainte mais l'action judiciaire avait déjà été actionnée», a-t-elle déclaré, en soulignant que son client n'avait pas d'antécédents judiciaires, que la victime n'avait subi aucune violence ni contrainte et que l'expertise médicale n'avait relevé aucune trace de viol. Elle plaidera les plus larges circonstances atténuantes pour Aboubakr et une peine avec sursis.

A l'issue des délibérations, le tribunal criminel déclarera l'accusé coupable de viol sur mineure de moins de 18 ans mais lui accordera les circonstances atténuantes. Il le condamnera à quatre ans de prison et 500.000 DA à titre de dommages et intérêts au bénéfice de la victime. La mère de celle-ci avait réclamé un million de dinars.