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El Kerma : quatre ans de prison pour des coups ayant entraîné la perte d'un œil

par M. Nadir

Pour s'être rendu coupable de coups et blessures volontaires ayant provoqué la dégradation avancée de l'œil gauche de F. El Hadj Benaouda, N.B. Brahim a été condamné à quatre ans de prison ferme et à verser à la victime 150 millions de centimes de dommages et intérêts.

Les faits de l'affaire qui a été jugée hier par le tribunal criminel près la cour d'Oran remontent à la matinée du 19 juillet dernier quand F. El Hadj Benaouda s'est rendu au commissariat de police d'El Kerma pour porter plainte contre N.B. Brahim, un voisin, l'accusant de l'avoir agressé à coups de bâton. Présentant un œil gauche blessé, il est transféré à la clinique Belazreg, boulevard front de mer, où il sera gardé en soins intensifs pendant 11 jours. Il en sortira avec un œil très amoindri, presque aveugle, et très peu d'espoir d'en récupérer l'usage un jour.

Interpellé et interrogé au lendemain du dépôt de plainte, Brahim, 31 ans, reconnaît avoir battu la victime à l'aide d'un bâton mais affirme qu'il se trouvait en légitime défense : «Ce matin-là, Benaouda est venu me provoquer devant chez moi parce ce que j'avais refusé de dealer de la drogue avec lui», dira-t-il en substance en soulignant que la victime avait déjà été tabassée la veille. Le suspect sera d'abord accusé de coups et blessures volontaires, selon l'article 266 du code pénal, avant que le chef d'inculpation ne soit requalifié en violences volontaires ayant entraîné un handicap permanant, suivant l'article 264, consécutivement aux dommages causés à l'œil gauche de la victime.

A la barre, ce mercredi, l'inculpé a déclaré que la victime l'avait attaqué avec une arme blanche, lui causant des blessures, et qu'il s'est défendu avec une trique : «Mais je l'ai frappé au dos et je ne l'ai jamais atteint à l'œil», jurera-t-il en regrettant de ne pas s'être fait établir un certificat médical pour étayer ses dires.

Dans sa plaidoirie, l'avocat de la partie civile s'appuiera sur les aveux de l'accusé et l'expertise judiciaire concluant à la perte de vision de l'œil gauche (1/20) et l'impossibilité d'en récupérer les facultés pour demander que l'accusé soit reconnu coupable.

Le ministère public recourra aux mêmes arguments pour établir le rapport de cause à effet entre les coups donnés par l'accusé et l'handicap provoqué à la victime et requérir la peine de 10 ans de réclusion.

Ce que la défense dénoncera en mettant, d'abord, en doute les conclusions de l'expertise médicale, la médecine, dira-t-elle, n'étant pas une science exacte, avant de tenter de plaider «l'excuse légale», selon l'article 52 du code pénal, en l'occurrence celle de la provocation qui a mené l'accusé à frapper la victime : «Il s'agit là d'une dispute. Notre client n'a fait que répondre à une provocation. Il ne s'est pas attaqué gratuitement à elle mais à réagi face à une agression», a-t-elle affirmé en soutenant qu'aucune preuve matérielle n'a été apportée par l'accusation sur l'existence d'une relation avérée entre cette bagarre et le handicap subi par la partie civile.

Après délibérations, l'inculpé sera néanmoins condamné à quatre ans de prison et à verser à la victime une amende pour le préjudice physique et moral subi.