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Rendez-vous de la paix pour la Syrie à Sotchi

par Kharroubi Habib

Avant de rencontrer hier à Sotchi, station balnéaire de Crimée, ses homologues turc et iranien en un sommet consacré au conflit syrien dont leurs pays sont avec le sien parmi ses acteurs essentiels, le président russe Vladimir Poutine a reçu au Kremlin le président syrien Bachar El Assad puis s'est entretenu téléphoniquement successivement avec Donald Trump, le roi d'Arabie Salman ben Saoud et le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou.

De l'intense activité diplomatique que mène le président russe sur le dossier syrien, il ressort à l'évidence qu'il a en vue d'obtenir le consensus international sur une solution politique au conflit dont son évaluation de la situation en Syrie telle qu'elle se présente désormais lui fait considérer qu'il est maintenant possible de l'envisager. Une solution politique au conflit syrien paraissait inconcevable tant que l'opposition syrienne et ses soutiens étrangers ont campé sur l'exigence préalable du départ du président Bachar El Assad et qu'ils ont pensé l'obtenir militairement.

Or grâce à l'intervention de la Russie et de l'Iran à leur côté, Bachar El Assad et son régime ont militairement pris le dessus sur la rébellion armée et repris le contrôle de plus de 90% du territoire syrien. Ce qui a donné à constater aux soutiens étrangers de cette rébellion que la chute du régime qu'ils se sont fixé pour objectif n'est plus d'actualité et qu'il leur faut tenir compte de cette réalité.

De fait, l'on a entendu les plus acharnés d'entre eux contre Bachar El Assad et son régime déclarer qu'ils ne sont plus opposés à une solution politique négociée excluant ce camp.

Même l'Arabie saoudite paraît s'être résolue à infléchir dans ce sens sa position. Et ce n'est pas un hasard si à la veille de la réunion que doit tenir à Ryadh l'opposition syrienne sponsorisée par la monarchie wahhabite en vue d'arrêter sa position dans les négociations qui ont pour objet le devenir de la Syrie, il a été annoncé des démissions et des remplacements à la tête de sa direction qui ont concerné des personnalités dont l'intransigeance contre tout compromis avec le régime a été notoire. L'on peut raisonnablement avancer que l'option militaire en guise de règlement du conflit syrien est désormais abandonnée par l'opposition au régime et ses alliés et qu'ils sont prêts à prendre part à la recherche d'une solution excluant la prise en compte de leur revendication maximaliste sur le cas de Bachar El Assad.

C'est bien ce qu'en attend d'elle le président russe qui a reçu au Kremlin son homologue syrien et s'est entretenu avec lui sur cette éventualité et lui demander d'adopter une position et d'émettre des gestes en direction de ses opposants qui les conforteraient dans l'attitude modérée à laquelle elle semble s'être convertie. Le sommet de Sotchi semble être une rencontre dont le résultat va impulser la dynamique visant à arrêter l'atroce et interminable conflit syrien. C'est en tout cas ce qu'attendent et souhaitent le peuple syrien martyr et tous ceux qui sont réellement à ses côtés et espèrent le voir renouer avec la paix.