
Le
ministre du Commerce a passé en détail les activités de son secteur, du contrôle
des importations, à la qualité des produits en passant par la régulation du
marché, la spéculation et les locaux du Président lors de son passage devant la
Commission des finances et du budget à l'APN, dans le cadre du débat autour du
projet de la loi des finances (PLF) 2018. Ainsi, et après les dernières
décisions prises par le gouvernement pour baliser l'acte d'importation, le
ministère du Commerce examine d'autres mesures coercitives à l'encontre des
importateurs. Mohamed Benmeradi a évoqué l'existence
de deux nouveaux certificats sur les produits importés imposés aux
importateurs. Constituant une garantie de la qualité du produit importé, le
premier certificat concerne la commercialisation du produit importé dans le
pays d'origine et le deuxième les prix d'achat au pays d'origine, a-t-il
expliqué tout en niant la volonté «de rajouter de nouvelles charges sur les
prix» de ces produits. Par ailleurs et au titre de la PLF 2018, l'article 35
prévoit l'institution d'une taxe sur la consommation à hauteur de 60% du tarif
douanier afin de maîtriser davantage les importations, alors que l'article 119
prévoit une liste des produits soumis au relèvement des droits douaniers. Benmeradi avait déjà abordé les nouvelles mesures visant à
ramener la facture des importations à 30 milliards de dollars en 2018 en
évoquant notamment «des mesures de sauvegarde volontaristes» qui devront porter
sur un relèvement des droits de douane sur 32 produits, le rétablissement des
droits de douane et de la Taxe intérieure de consommation (TIC) sur certains
produits finis importés. Le ministre est revenu, ce jeudi, sur les chiffres
qu'il avait donnés en début de semaine dernière sur le volume des importations
indiquant de nouveau que son département tend à réduire les importations à 41
milliards de dollars à la fin de l'année et à 30 milliards de dollars en 2018,
dans le cadre de la protection de la production nationale. Pourtant, et dans le
courant de la semaine écoulée, le ministre des Finances, Abderrahmane Raouya, avait donné d'autres chiffres plus pessimistes
concernant les importations. Il avait ainsi estimé leurs factures à 43,6 mds usd en 2018, 41,4 mds usd en 2019
et 40,9 mds usd en 2020, loin des prévisions de son
collègue du Commerce. Ce dernier a déclaré devant les députés que l'importation
de certains produits sera suspendue complètement et définitivement sans pour
autant en préciser la nature, se contentant de renvoyer ces suspensions aux prochains
décrets y afférents. Actuellement, 24 produits sont soumis aux licences
d'importation, précisera le ministre, ajoutant que leur volume sera fixé à
chaque début d'année, conformément aux besoins du pays. A ce propos, le Centre
national de l'information et des statistiques (CNIS) relevant des Douanes et
l'Agence nationale de promotion du commerce extérieur (Algex)
oeuvrent, depuis six mois, à établir une liste devant
permettre la maîtrise de la demande locale. Ces licences devront être vendues
aux enchères, expliquera encore Benmeradi, en prenant
soin de garantir le maximum de transparence dans l'opération.
Au
jour d'aujourd'hui, ils sont 1.000 importateurs activant au niveau national et
40 d'entre eux seulement assurent la couverture de 40% des activités
économiques du pays à l'image du groupe Sonatrach et
l'Office national des aliments du bétail, outre des importateurs privés, a
rappelé le ministre. 20 produits représentent, à eux seuls, 51% de la facture
globale des importations au niveau national, a estimé Benmeradi
qui a affirmé que certains produits de luxe seront interdits à l'instar des
grains de tournesol dont la valeur d'importation a atteint 25 millions de
dollars, la mayonnaise, 20 millions de dollars et le chewing-gum, 25 millions
de dollars, rejoignant ainsi les recommandations de Tebboune
alors ministre du Commerce par intérim. Abordant le sujet du marché, Benmeradi a reconnu que les 25 laboratoires de contrôle de
qualité du pays (un nombre appelé à atteindre 48 dans les prochaines années) ne
disposent pas des moyens nécessaires pour effectuer le contrôle technique. Une
incapacité qui a obligé le secteur à faire appel aux laboratoires des services
de police et de gendarmerie, en attendant l'option des laboratoires des
universités. S'agissant de la matière première destinée à l'industrie
agroalimentaire, il a pointé du doigt l'absence de coordination entre les
secteurs de l'agriculture et de l'industrie, appelés à mettre en place un
programme de production durant toute l'année avec des intervalles entre la
période de semence pour chaque secteur d'activité et produits, permettant de
garantir aux unités de transformation la matière première tout au long de
l'année. En matière de contrôle, les services du ministère du Commerce ont
effectué, au cours des 9 premiers mois de 2017, deux millions d'opérations,
relevant 200.000 infractions et établissant 2.000 procès-verbaux. Et pour mieux
réguler le marché, le ministre a précisé qu'il est impératif d'aménager 1.500
autres espaces en plus des 1.500 marchés (gros-détail-proximité...) existant
déjà. Il indiquera aussi que 1.000 marchés anarchiques, abritant 54.000
opérateurs, ont été éradiqués sur un total de 1.500. Ces marchands informels
ont été intégrés dans le programme des nouveaux marchés dont 290 sont en cours
de réalisation. Concernant les locaux du Président, il a souligné que plusieurs
d'entre eux ont été réalisés en dehors des villes, alors que d'autres ont été
transformés en dépôt de stockage. Il a annoncé, à ce propos, qu'un groupe de
travail mixte, regroupant les ministères du Commerce et de l'Intérieur, a été
chargé de prendre en charge ce dossier. Revenant sur la spéculation, le
représentant du gouvernement a précisé que 50% des produits agricoles, fruits
et légumes, sont commercialisés en dehors des marchés de gros, ce qui entraîne
l'anarchie dans les prix. «A part 20 produits régulés, les prix sont libres
mais ceci ne donne pas droit à l'anarchie et les services du Commerce et des
Impôts multiplient les contrôles rigoureux». Quant au volet sur le partenariat
avec l'Union européenne, il a indiqué que Bruxelles avait récemment annoncé de
nouvelles mesures pour la sécurisation et la protection des produits, relevant
que 600 mesures similaires avaient été prises à l'échelle internationale. Dans
ce contexte, le ministre a affirmé que le gouvernement a toute la latitude de
prendre des mesures conservatoires pour protéger la balance des paiements qui
seront annoncées en temps opportun par l'ambassadeur de l'Algérie à Bruxelles. Benmeradi n'a pas exclu, non plus, une révision globale de
l'accord d'association avec l'UE.