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![]() ![]() ![]() ![]() Le Qatar
?'est en train de payer ses positions consensuelles sur nombre de questions
politiques régionales, y compris le soutien à des mouvements de libération'',
estime un observateur algérien sur l'éclatement au grand jour d'une crise de
leadership qui couvait depuis plusieurs années entre ce petit émirat et le chef
de fil autoproclamé des pays du CCG, l'Arabie Saoudite. La décision de l'Arabie
Saoudite, suivie de plusieurs pays dont l'Egypte, de rompre ses relations
diplomatiques avec le Qatar, pour cause de soutien au terrorisme, a créé une
soudaine tension dans toute la région et une détérioration de la situation dans
une région qui produit le quart de la production pétrolière mondiale.
Dans cette partie du monde, ne pas adopter les positions de Ryad est donc passible, depuis lundi, de sanctions lourdes, y compris une rupture des relations diplomatiques. A commencer par le soutien à certaines causes arabes, comme les mouvements de la résistance palestinienne, dont le Hamas, la guerre civile en Irak, en Syrie ou le soutien aux Frères musulmans égyptiens. Le Qatar, accusé de soutenir les mouvements terroristes y compris le Hamas et les Frères musulmans, ne cesse depuis lundi de clamer qu'il s'agit en fait d'une manière du palais royal saoudien de l'isoler et de l'affaiblir. Car derrière la position des Saoudiens, il y a surtout cette volonté de mater et de mettre au pas un Etat, petit certes, mais qui a tenu tête à l'Arabie Saoudite en refusant de s'aligner sur sa politique extérieure sur nombre de dossiers régionaux stratégiques, sinon sensibles. Comme le maintien de ses relations avec l'Iran, ce qui a toujours irrité à Ryad. Or, l'Iran et le Qatar sont non seulement voisins mais ont de solides relations politiques, boostées par des intérêts gaziers communs, d'autant que le petit émirat a adopté, contrairement à ses pairs du CCG, une politique de bon voisinage et de non alignement sur la position saoudienne par rapport à beaucoup de conflits régionaux. Un autre motif de dissensions entre les deux Etats, à un moment où Téhéran revenait en force dans l'échiquier politique, et surtout au sein de l'OPEP après l'accord sur le nucléaire iranien. Autre chose: à Doha, on ne fait pas grand cas de l'Iran chiite, ce que Ryad désapprouve, d'autant que sa guerre contre le Yémen a comme motif premier le soutien de l'Iran aux Houtis et le rétablissement au pouvoir d'un gouvernement inféodé. Bref, la position équidistante de Doha sur tous les sujets brûlants de la région, y compris ses ingérences dans la crise syrienne et sa position trouble par rapport à certaines franchises terroristes, serait un des éléments explicatifs de cette soudaine crise politique dans la région. Et, à tout le moins, le cas ?'qatari'' serait défendable si jamais on viendrait à justifier cette politique belliqueuse du royaume saoudien, car en dehors de Bahreïn et des Emirats arabes unis, les autres pays du CCG comme le Koweït et Oman sont restés sagement en dehors de cette poussée de fièvre colérique des Saoudiens. Il est clair que la diplomatie qatarie, dans un contexte international de lutte renforcée contre le terrorisme, l'appui sans faille du président américain à l'Arabie Saoudite dans sa guerre ouverte contre l'Iran via les Houtis au Yémen, qui s'est inféodé lui aussi à Ryad, gêne la monarchie saoudienne. Mais, tout le monde s'accorde à dire que les Saoudiens veulent mettre au pas, sinon attenter à la souveraineté du Qatar à travers ce « test » de la rupture des relations diplomatiques. |
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