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Messahel à propos de la Libye: La sortie de crise reste politique

par Yazid Alilat

  La sortie de crise en Libye, en proie à une guerre civile larvée depuis la chute du régime de Maamar El Gueddafi, est politique, sans ingérence, ni intervention étrangère. C'est ce qu'a affirmé lundi dans une émission TV à l'issue d'une tournée de plusieurs jours dans les grandes villes libyennes, le ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue des Etats arabes, Abdelkader Messahel, qui a également confirmé la tenue début mai prochain à Alger d'une réunion des pays voisins de la Libye. Il a estimé qu'un accord politique est «le socle de la solution à la crise libyenne».

Cet accord politique signé le 17 décembre 2015 «est le socle de la solution à la crise en Libye. C'est un processus chapeauté par les Nations unies, que très peu de Libyens rejettent, et qu'il faut sauvegarder», a-t-il dit lors de l'émission TV «Questions d'actu». Mais «cela reste un accord, quelque chose qui n'est pas sacro-saint, qui peut être revu, relu ou/et amendé». Sa récente visite en Libye, a-t-il rappelé, n'était pas destinée à présenter une initiative, ou un projet, ni une architecture, encore moins une solution, parce que «les Libyens ont la capacité de le faire, et ils ont une plateforme qui est là, et qu'ils peuvent revoir».

En outre, cet accord politique, a-t-il insisté, «gère une période de transition et celui-ci n'est pas la solution définitive», qui viendra après l'»élaboration d'une nouvelle Constitution et la tenue des élections». Ce n'est qu'après qu»'il y aura la mise en place des institutions de la Libye», explique-t-il. En fait, la chambre des représentants libyenne dont le mandat a pris fin en 2015 «ne doit sa survie qu'à cet accord politique. C'est le cas aussi pour le conseil présidentiel», a-t-il précisé. M. Messahel a d'autre part rappelé les différentes initiatives entreprises par l'Algérie auprès de différents partenaires, dont les Etats-Unis, pour parvenir à un agenda de sortie de crise en Libye. «C'est l'exercice auquel l'Algérie ne cesse de s'adonner avec nos partenaires américains, français, italiens, russes et arabes. Aussi, on a un dialogue avec l'Egypte, le Qatar, l'Arabie saoudite, et avec la Turquie, le Royaume-Uni, la Chine, ainsi qu'avec tous les membres du Conseil de sécurité de l'ONU», a assuré le ministre. Dès lors, «les Libyens doivent discuter entre eux ce message que nous avons transmis, qui est que la solution doit être libyenne entre Libyens et pour la Libye.» Pour autant, le dialogue interlibyen doit être «sans interférences étrangères. C'est très important», affirme le ministre algérien, avant de mettre en garde contre «les interférences qui créent parfois des problèmes, en raison des agendas et intérêts cachés».

Il a également rappelé que l'Algérie est favorable à toute sorte d'initiative qui accompagnerait les Libyens dans la recherche d'une solution à la crise dans leur pays.

Pas de dialogue avec les groupes terroristes

«Nous sommes preneurs de toute sorte d'initiative qui accompagne les Libyens dans la recherche d'une solution», a-t-il dit. M. Messahel, qui a rejeté toute idée d'un dialogue inter-libyen qui inclurait les groupes terroristes, a estimé, à propos d'un sommet sur la Libye, qu'il faut «en premier lieu, qu'il y ait une préparation et que les principaux concernés, à savoir, les Libyens, soient une partie prenante dans ce genre d'initiative». Car «un sommet (...) marque l'aboutissement mais pas le début d'un processus politique», a-t-il rappelé. «Les grands terroristes sont identifiés en Libye ou ailleurs. La référence chez nous, ce sont les groupes listés par l'ONU. En Libye, ils sont au nombre de trois (Daech, El-Qaïda, Ansar Charia). Nous sommes pour le dialogue politique, pacifique mais pas pour le dialogue des armes», a soutenu le ministre. Par ailleurs, le ministre algérien estime qu»'il est important qu'une mission onusienne se déploie en Libye, car elle facilitera le dialogue en Libye. D'autant plus que l'ONU est garante de la mise en oeuvre de l'accord politique à travers la résolution 22/59 du Conseil de sécurité». D'autre part, M. Messahel a annoncé la tenue d'une réunion des pays voisins de la Libye le 8 mai prochain à Alger pour dénouer la crise libyenne. «L'Algérie accueillera le 8 mai prochain à Alger la 11e session des pays voisins de la Libye». Pour lui, «il est impératif de se retrouver tous ensemble entre voisins de la Libye et discuter de la sécurisation de la région, qui sera l'objectif de la prochaine réunion d'Alger». «La sécurité est un problème commun, si on veut trouver une solution politique à la Libye, il faut parler de la sécurisation de la région», ajoute-t-il, avant de rappeler l'exigence de trouver pour la Libye une «solution politique consensuelle, la mise en place d'institutions fortes, d'une armée unie, des services de sécurité et d'un Etat stable».

Le ministre algérien a également cité les nombreuses menaces qui pèsent sur la région, en particulier l'« instabilité dans notre voisinage immédiat au sud-ouest libyen, les groupes terroristes, les organisations criminelles, la migration clandestine et le crime organisé». «Tous les pays de la région doivent travailler ensemble» sur ces défis, a-t-il préconisé. Pour l'Algérie, la solution en Libye ne doit pas être «militaire mais politique», qu'il faut soutenir «le peuple libyen dans sa lutte antiterroriste» et, enfin «la réconciliation nationale». Il est fondamental, par ailleurs, d'aller vers la réconciliation nationale en Libye, et cela doit ouvrir la voie à la mise en place «d'institutions fortes, crédibles, capables et justes».

M. Messahel est revenu d'autre part sur la visite qu'il avait effectuée le 24 février 2016 en Syrie. Le message était de «rejeter toute intervention miliaire en Syrie, favoriser la solution politique, et de soutenir le peuple syrien dans sa lutte contre le terrorisme, et sa quête de la réconciliation nationale». «C'est un message qui est valable aujourd'hui pour la Libye», a soutenu le ministre.