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Fonds de compensation des frais de transport dans le sud du pays: Un constat d'échec !

par Moncef Wafi

Créé en 1996, le Fonds de compensation des frais de transport dans le sud du pays souffre de plusieurs anomalies, selon le constat établi par l'APS auprès des services du ministère du Commerce.

Ce fonds a été mis en place afin de préserver le pouvoir d'achat des résidents dans les régions du sud du pays en amortissant les prix des produits de première nécessité et de certains matériaux de construction de base pouvant être négativement impactés par le dinar au kilométrage. Il a été également institué pour développer l'activité commerciale au niveau de ces régions. Pourtant, force est de constater que ce dispositif, tel qu'il est actuellement, ne satisfait plus à ces exigences premières et présente des lacunes à de nombreux stades de son évolution. Ainsi, il est remarqué qu'en matière d'approvisionnement, les produits transportés portent essentiellement sur la farine, la semoule, le sucre, l'huile et les légumes secs alors que la liste des produits éligibles à ce fonds est plus large. En effet, cette liste des denrées sujettes au remboursement des frais de transport comprennent aussi les laits destinés à la consommation humaine (adultes et infantiles), la farine infantile, le café, le thé, le concentré de tomate, les blés dur et tendre, la poudre de lait, la levure, le riz, les pâtes alimentaires, les aliments de bétail, le savon de ménage et en poudre, la pomme de terre, les articles et fournitures scolaires, la presse écrite, le gaz butane, les médicaments, les matériaux de construction (rond à béton, bois et treillis soudé) et le gaz en vrac destiné à l'enfûtage.

Cette distinction dans les produits influe directement sur les prix au détail qui connaissent une inflation monstre au niveau des wilayas du Sud. L'autre reproche fait est la distance dans l'approvisionnement qui se fait parfois à partir de wilayas lointaines alors que les produits concernés par cette nomenclature sont disponibles dans des zones plus proches des régions concernées. En parallèle, la faible adhésion des commerçants à ce dispositif et le non-respect du programme d'approvisionnement arrêté fragilisent un peu plus ce système. A leur décharge, les commerçants sont confrontés à des lourdeurs dans l'examen de leurs dossiers par les services du ministère des Finances, ainsi que des lenteurs dans la procédure administrative relative au virement de la dotation financière. Pour pallier à ces dysfonctionnements, la tutelle a préconisé, entre autres solutions, la révision de la liste des produits éligibles à ce dispositif en raison de la grande disponibilité de certains produits à des prix abordables. Et pour faire face au manque d'engouement à ce dispositif dans certaines régions du Sud algérien, le département de Tebboune suggère également de suspendre cinq wilayas du programme à savoir Nâama, El-Bayadh, El-Oued, Ouargla et Ghardaïa. Il propose, en outre, de revoir la convention du Fonds en matière de critères et de conditions, de mettre en place un dispositif pour les besoins réels ainsi que la budgétisation du Fonds sud, pris en charge par le Trésor public, pour permettre un traitement des dossiers et une délégation des crédits plus rapides vers les wilayas concernés. Il est également préconisé la révision du barème de transport, fixé actuellement à 3 DA la tonne kilométrique transportée pour l'inter-wilaya, et à une fourchette entre 1,8 DA et 9 DA, selon l'état des itinéraires, pour la tonne kilométrique transportée en intra-wilaya. Par ailleurs, 26 commerçants (23 à Bechar et 3 à Ouargla) transportant des marchandises concernées par ce dispositif ont été suspendus en 2016 pour avoir commis des infractions liées principalement au défaut de facturation et à des pratiques frauduleuses.

Rappelons que pour les cinq dernières années, les dépenses du Fonds ont atteint 23,21 milliards de DA dont 1,7 milliard de DA pour 2016 alors que 10 wilayas sont concernées par ce dispositif.