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La solution finale

par Mahdi Boukhalfa

Je reviens d'un centre de la CNAS d'une wilaya du Centre, à moins de 40 km de la capitale. Mon dossier, que j'ai déposé il y a un mois environ pour avoir une immatriculation dans cette wilaya, n'est pas parvenu à la direction de cette même wilaya. Entre le centre CNAS auquel je suis dorénavant affilié de par l'adresse de mon domicile et la direction régionale de cette wilaya, il y a moins d'un kilomètre. Eh bien non, mon dossier traine, et donc je ne peux ni actualiser ma carte Chiffa, ni m'éviter les sempiternelles attentes moralement douloureuses devant les guichets de la Cnas de cette wilaya. Avec l'informatisation de l'ancienne Casoral, tout le monde, y compris le ministre et les directeurs généraux des caisses d'assurance (Cnas, Casnos...), se gargarisait du fait que ?'khlass'', les ?'machakils'' des clients de la Caisse sont derrière nous. Et qu'on peut en un tour de main avoir sa carte Chiffa, la charger, et s'éviter des heures d'attente pour les remboursements. Finie la galère, quoi! Non, ce qui se passe dans ces administrations, c'est tout, sauf le triomphalisme des Hauts responsables, loin des réalités de tous les jours dont les attentes de plusieurs heures, parfois pour rien, ne sont pas l'unique désagrément. Lorsque j'avais déposé mon dossier il y a un mois, le préposé au guichet de cette agence m'avait dit d'attendre au moins un mois, je lui avais rétorqué pourquoi tout ce temps, puisque maintenant ?'vous êtes informatisés.'' Il m'a ri au nez, et m'a dit ?'bessah ?''. En fait, ce qui se passe dans l'underground de l'administration algérienne est un non-sens, une insulte au bon sens, et un élément accélérateur du développement du sous-développement. La gangrène mange l'administration algérienne.

Dans cette même wilaya que je ne nommerais pas, pour avoir un livret foncier, avec tous les documents approuvés et déposés, il faut... deux mois. Le plus sérieusement du monde, on dit à tous ceux qui déposent leurs dossiers pour ce document, qu'il faut retourner dans deux mois, car ?'on nous donne au compte-goutte les livrets fonciers''. Deux mois pour remplir deux feuillets attestant de la propriété d'un bien foncier d'un citoyen ? C'est fort, n'est-ce pas ? Devant cet état de fait, beaucoup repartent, en espérant que cette administration ?'soit détruite par un séisme'', comme cela, plus besoin d'avoir les documents réglementant, comme il est de notoriété dans les sociétés civilisées, la vie et les biens des Algériens, et qu'on retourne une fois pour toutes dans la Djahilya. Puisque ceux qui sont payés pour que ?'El Idara'' vive et se développe, sont ceux-là même qui sont en train de la saboter, de la saborder, de la détruire, alors à quoi cela sert-il d'embaucher et de payer des centaines de milliers de ?'préposés'' à quelque chose qui ne fait que détruire leur pays ? Ainsi, le postier se plaint des chaines devant les guichets de la Sonelgaz, les employés de cette entreprise publique nomment par tous les noms d'oiseaux leurs ?'collègues'' des agences de gestion de l'eau, les employés de la CNAS dénonçant la mauvaise qualité de l'accueil des OPGI, des Domaines, et vogue la galère! Le H'rig est toujours une solution, dangereuse, mais c'est une porte de sortie vers un autre monde, assurément meilleur.