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Constantine - 15e Festival national d'astronomie populaire: Le charlatanisme fait des ravages

par A.Mallem

Les représentants des associations amateurs d'astronomie qui participent au 15ème festival national d'astronomie populaire qui se déroule à Constantine du 23 au 25 mars en cours, ont évoqué l'idée de création d'une fédération ou d'une association nationale, qui fédérerait les clubs et les associations d'astronomie populaire en place et constituerait une force scientifique de conception pour l'élaboration d'une référence nationale de la culture scientifique suivant la philosophie du penseur algérien Malek Bennabi.

«Ce philosophe algérien est le seul à avoir défini le concept de la culture scientifique basée tout d'abord sur l'éthique», a dit un pionnier de l'astronomie nationale, M. Felous Mahfoud, qui active dans le domaine de l'astronomie amateur depuis 1982. Il dira qu'avant 1992, il y avait en Algérie 120 clubs d'astronomie populaire, une cinquantaine d'associations et 24 ligues agréées. «Il y avait un éveil astronomique extraordinaire», a-t-il affirmé. Pour lui, les associations amateurs doivent être organisées et dotées de tous les moyens matériels et académiques pour faire face au «charlatanisme scientifique» qui, le moins qu'on puisse dire, a le vent en poupe aujourd'hui pour répandre une science populiste dans le pays. «Ce qui manque en Algérie c'est des références scientifiques pour battre le charlatanisme», dira-t-il encore. Et cette idée, a été reprise au vol par les communicateurs algériens qui ont animé la première journée du festival. Ainsi, après la communication donnée par le secrétaire général de l'union internationale d'astronomie, l'italien Piero Benvenutti, sur le cosmos et une autre sur les comètes du printemps 2017, l'attention des participants s'est focalisée sur les problèmes terre à terre que vivent les associations algériennes d'astronomie. Et le ton a été donné par la conférence-débat qui a été animée par M. Felous.

Et c'est alors que le professeur Jamel Mimouni, président de l'association Sirius, organisatrice de l'évènement, est intervenu pour dénoncer le charlatanisme scientifique en disant que «ces gens parlent au nom de la science, notamment durant le mois de Ramadhan, sans aucune référence scientifique et sans qu'ils connaissent quoi que ce soit sur la question parce qu'ils ont une formation scientifique élémentaire. Et cela est extrêmement grave en ce sens que la chose leur est rendue facile par le fait qu'il n'y a pas en Algérie de référence scientifique, de niveau académique établi et reconnu pour dire que cela est vrai et cela est faux». Et l'orateur de vilipender aussi les chaînes nationales de télévisions «qui accueillent ces gens qui viennent raconter n'importe quoi et qu'on ne peut pas contrer parce que notre voix est étouffée». Reprenant la parole à sa suite, M. Felous a révélé qu'il avait personnellement contacté des compétences scientifiques algériennes pour les interpeller sur le silence qu'ils observent sur cette question et ils ont répondu qu'ils ne peuvent rien faire parce que ces charlatans sont des «collègues !», lui ont-ils répondu. M. S. Kahlouche, de l'agence spatiale algérienne (ASAL /CTS) d'Arzew, en reconnaissant aussi que le charlatanisme scientifique existe en Algérie où il fait des ravages, se concentrera sur les moyens que ne possèdent pas les associations amateurs et sur ceux détenus par les institutions officielles. «Les institutions nationales qui sont en charge des activités scientifiques, a-t-il souligné, ne se «mouillent» pas beaucoup dans la vulgarisation de la vraie science. Et, contrairement aux associations amateurs, elles ont beaucoup de moyens financiers et scientifiques ainsi que des moyens académiques». Il y a aussi dans certaines universités du pays, a-t-il signalé, «des masters en astrophysique ou en physique qui peuvent nous servir de référents et faire en sorte de ne pas laisser la place libre au charlatanisme». Et de conclure en disant, «on est en 2017, et on aurait dû avoir au moins 500 clubs d'astronomie. Avant les années 1990, l'Algérie comptait 120 de ces clubs, mais aujourd'hui il en reste très peu car la grande majorité a disparu pendant la décennie noire».