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An 2017: Inquiétudes légitimes

par Bruxelles: M'hammedi Bouzina Med

  De la Palestine à la Syrie, au Yémen et ailleurs, y a-t-il des raisons d'espérer la paix, sinon un répit pour les peuples colonisés et ceux qui souffrent de la violence des armes ?

Dire que nous entrons dans l'année 2017 avec plus d'incertitudes pour la paix dans le monde et plus spécialement pour les peuples qui subissent la violence des armes que l'année qui meurt n'est pas, hélas, une prédiction sous influence de quelques esprits illuminés ou de «prophètes du malheur». Les fait sont têtus pour ne pas désespérer de la foi des hommes qui façonnent et conduisent la gouvernance mondiale, à commencer par ce forum mondial qu'est l'ONU qui s'apparente de plus en plus à une «auberge espagnole» où la poignée de ses «gérants», assis en comité des «cinq» dans le secret du Conseil de sécurité décident, imposent, jugent, sanctionnent et frappent selon leurs humeurs et leurs besoins le reste de l'humanité. Le Conseil de sécurité a voté une résolution appelant à l'arrêt de la colonisation de la Palestine par l'Etat d'Israël, et voilà ce dernier criant sa colère, assurant qu'il s'en fout, ridiculisant du coup la prétention de ce Conseil de sécurité et de la terre entière d'oser lui dicter la justice et la voie de la paix.

Pourquoi Israël craindrait-il quelconques foudres de la justice des hommes puisque il l'a foulée aux pieds depuis toujours: plus de quarante résolutions de ce même Conseil de sécurité concernant Israël votées ces dernières 50 années sont ignorées à ce jour. Une de plus, et alors? Comment placer quelques espoirs dans le poids du Conseil de sécurité et croire en son impartialité lorsqu'une seule de ses résolutions contre l'Irak (retrait du Koweït) ignorée par Saddam Hussein a fini par une invasion de son pays et son implosion sous la conduite de ce même Conseil de sécurité ? Le président Barack Obama a ordonné à son pays de s'abstenir dans le vote condamnant la colonisation israélienne ? Et alors ? Cela lave-t-il les USA de tout soupçon sur leur soutien inconditionnel à la politique de colonisation et de répression d'Israël en Palestine? Son successeur annonce déjà «qu'il en sera différemment à l'ONU» dès sa prise de fonction le 20 janvier prochain. Malheureusement les USA ne sont pas les seuls dans ce jeu de dupes. Les Européens sont encore plus fourbes : l'Union européenne (UE) liée à Israël par un Accord de partenariat avantageux depuis 1995 lui a offert, sous la pression de la France de Nicolas Sarkozy qui assurait la présidence tournante de l'UE, le statut de partenaire privilégié en décembre 2008. Pourtant le Parlement européen s'était opposé à une large majorité à ce nouveau statut attribué à l'Etat hébreu. Qu'à cela ne tienne, le Conseil européen (chefs d'Etats et de gouvernements) a ignoré le vote de son propre Parlement, voix des peuples européens. Ces mêmes peuples qui, pour contourner l'aveuglement de leurs propres gouvernants, se sont depuis mobilisés pour une campagne de boycott des produits commerciaux israéliens, particulièrement ceux issus des colonies en Palestine. Comble de la provocation et de l'injustice, Israël a mené sa terrible opération «Plomb durci» contre Ghaza une semaine après avoir acquis le statut de «partenaire privilégié». Et l'Europe n'a jamais remis ce statut en cause. Et depuis, 450.000 colons sont installés en Cisjordanie et plus de 200.000 à Jérusalem-Est, soit 650.000 colons pour une population palestinienne de quelque trois millions d'individus encerclés, harcelés, emprisonnés, humiliés, assassinés sous le regard de l'Europe, du Conseil de sécurité de l'ONU, du reste du monde.

Alors, faut-il croire encore à cette gouvernance ou chefferie mondiale assise confortablement en «comité des Cinq» à New York? A-t-on des raisons d'espérer la paix en Palestine, en Syrie, Irak, Yémen, Soudan et ailleurs parce que le président américain a laissé, à la veille de son départ de la Maison-Blanche, passer un énième texte du «comité des cinq» (qui, rappelons-le, détiennent seuls le droit de veto) condamnant Israël? Cela ressemble fort à un dribble diplomatique, une illusion de justice pour une garantie post-carrière présidentielle qu'à une conviction dans la justice «immanente» de l'ONU et de son verrou qu'est le Conseil de sécurité.

2017 nous accueille avec les mêmes angoisses et les mêmes peurs: surenchère sur le redéploiement des forces nucléaires des deux acteurs mondiaux que sont la Russie de Poutine et les USA de Trump. La Syrie n'est pas encore en paix, la Palestine, le Yémen, le Soudan non plus. Ailleurs les échos de la violence terroriste et la subversion menée par des mercenaires de tous bords ne cessent pas: au Sahel africain, au Maghreb et jusqu'au lointain sud-est asiatique. Oui, il y a des raisons de ne pas croire au père Noël lorsque les puissants de ce monde détiennent seuls le destin de l'immense majorité de l'humanité.