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Hausse des prix des véhicules: Le système des quotas pointé du doigt

par Yazid Alilat

Les premières voitures de l'usine Volkswagen de Relizane sont prévues dès juin 2017, a annoncé hier lundi Mourad Eulmi, directeur général du groupe Sovac, partenaire du constructeur allemand. M. Eulmi a expliqué à la radio nationale que la future usine VW de Sidi El-Khettab, dans la wilaya de Relizane, va produire quatre types de véhicules (la Golf 7, la Seat Ibiza, la Skoda Octavia et le Caddy). L'usine va en fait rassembler autour de la maison mère les deux grandes filiales du groupe, Skoda et Seat. Les volumes de production prévus dans l'accord signé dimanche à Alger sont de 100.000 véhicules/an à partir de 2022 et de 12.000 véhicules/an à partir de juin 2017.

«Le projet de Volkswagen en Algérie, le premier dans la région MENA, est un choix réfléchi, car le potentiel qu'offre l'Algérie par rapport à d'autres pays est plus avantageux en termes de ressources», a indiqué M. Eulmi qui a précisé que «nous avons fait un travail de marketing pour faire venir le constructeur allemand en Algérie», et cela est «très important en termes d'image pour l'Algérie ». Il est clair que les retombées économiques de ce projet sont d'abord la création de «beaucoup d'emplois, ainsi qu'un tissu de sous-traitants important à Relizane».

Le prix des voitures sorties de l'usine de Relizane ne sera pas plus élevé que celui des voitures d'importation, explique le DG de Sovac. Quant au choix des modèles qui vont être montés à l'usine de Relizane, à savoir la Golf série 7, la Skoda Octavia, la Seat Ibiza et le Caddy VW, M. Eulmi souligne que «ce choix a été demandé par le ministère et, lors des négociations, les pouvoirs publics ont demandé à VW d'adapter les voitures fabriquées en Algérie au marché algérien et aux attentes de la clientèle algérienne». Il ajoute que «la Golf 7 est l'ADN de la marque, l'Ibiza est très prisée par les jeunes, l'Octavia est très demandée par les PME et le Caddy pour une catégorie de la clientèle algérienne». Sur la qualité de ces produits, il a relevé que «le constructeur doit s'impliquer dans ce projet et prendre une participation dans l'entreprise, c'est un gage de transfert de savoir-faire et de qualité des produits fabriqués en Algérie». Quant au taux d'intégration, il sera de 15% dans les trois premières années et de 40% après la cinquième année, a-t-il dit. Il précisera que VW va développer un tissu de sous-traitants en Algérie. «Ce projet installé sur 100 hectares prévoit un développement de la sous-traitance sur 40 ha réservés aux sous-traitants et 60 ha pour l'usine de fabrication de voitures». Le challenge, selon M. Eulmi, «est de développer un réseau de futurs sous-traitants, un process qui va durer entre 12 et 18 mois», alors que 1.800 emplois directs seront créés dans un premier temps et 3.500 emplois indirects. «L'Algérie a les potentialités de devenir exportateur de voitures dans la région Mena, et le groupe VW a l'ambition d'exporter», a annoncé par ailleurs M. Eulmi, «Seat veut faire de l'Algérie un relais d'exportation et une plate-forme de distribution, et Skoda veut également faire de l'Algérie une plate-forme de distribution».

Pour autant, «on ne peut faire ces projets du jour au lendemain, il faut au moins dix ans pour cela». M. Eulmi affirmera que «les voitures qui sortent de l'usine de Relizane seront homologuées par VW, elles doivent répondre aux qualités et standards de VW, et les sous-traitants seront certifiés et homologués par le constructeur». L'investissement global est, à terme et sur dix ans, de 250 millions d'euros, et de 170 millions d'euros à court et moyen terme, a indiqué le DG de SOVAC. «Mis à part la production, il y aura des investissements pour accompagner les sous-traitants et équipementiers».

Par ailleurs, sur le marché local des véhicules neufs, M. Eulmi estime qu'il y a eu beaucoup d'ordre. «La loi de finances 2014 a permis d'éliminer des centaines d'importateurs multi-marques, et 75% du travail de nettoyage a été fait. Par contre, le marché de l'occasion, il faut l'organiser, car ce marché échappe aux pouvoirs publics». Selon M. Eulmi, il y aurait «400.000 véhicules qui circulent sur le marché de l'occasion et échappent à tout contrôle, avec une valeur globale équivalente à 5 milliards de dollars». Il annonce qu'il y aura «un texte pour organiser ce marché». Quant à la hausse des prix des véhicules neufs, il a pointé du doigt le nouveau système des quotas d'importation de voitures introduit par le ministère du Commerce en 2016. «C'est la conséquence des quotas.

Quand on supprime 80% de la demande, on crée une hausse des prix», a-t-il dit. Enfin, M. Eulmi plaide pour le développement d'un réseau de sous-traitants en Algérie. «La Tunisie exporte pour 5 milliards d'euros de pièces de rechange vers les constructeurs, on veut faire de la fabrication de pièces de rechange et exporter. L'Algérie est à 48 heures de bateau des usines européennes, donc on doit être gagnant-gagnant avec les constructeurs, et ils sont favorables à ce genre de deal».