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Médicament: Plaidoyer pour de nouveaux centres de recherche

par Yazid Alilat

  L'industrie pharmaceutique algérienne se porte bien, mais il faut faire plus pour la diversifier, estime le président de la Société algérienne de pharmacie, le Dr Farid Benhamdine. Dans un entretien à la radio nationale hier mardi, il a expliqué qu'il «ne faut pas s'attendre à ce que l'enveloppe du médicament diminue, même si l'industrie pharmaceutique se porte mieux. Mais, elle doit, dit-il, se diversifier.» Le président de la Société algérienne de pharmacie relève qu»'il est temps de se regrouper et de créer des centres de recherche et de créer d'autres génériques.» Car le prix du médicament, celui issu des biotechnologies, est cher. «Ce qui grève la facture (des médicaments), ce sont les produits issus de la biotechnologie, avec le monopole de fabrication de ces molécules. La recherche se fait aux Etats-Unis, en Inde et en Europe, mais le gros ce sont les Etats-Unis», a-t-il souligné. Dès lors, le Dr Benhamdine estime que «les médicaments en Algérie sont vendus à leur juste prix, mais il s'agit des génériques, des produits qui soignent la plus grande part des pathologies.» Il relève que 107 milliards de dollars ont été dépensés en 2015 dans le monde pour les produits anticancéreux et cela va passer à 150 milliards de dollars. «Ce qui coûte le plus cher, ce ne sont pas les médicaments classiques, mais les produits issus de la thérapie ciblée, ils coûtent très cher, car ils ont un grand effet thérapeutique et diminuent les effets secondaires», explique le Dr Benhamdine, qui ajoute qu»'en ciblant la tumeur on diminue les effets secondaires.» En Algérie, fatalement, le coût du traitement anti-cancer est élevé. «Il y a en Algérie presque 60.000 nouveaux cas de cancéreux. C'est normal que l'enveloppe augmente pour les produits anticancéreux», estime-t-il, avant de faire remarquer que «dans le plan cancer, doté d'une enveloppe de 200 Mds de DA (2015-2019), ce qui coûte cher, c'est tout l'environnement de la thérapie.» La facture du traitement contre le cancer est de plus de 40 milliards de DA en Algérie, et la thérapie ciblée, qui représentait 10% est passée à 63%. Le Dr Benhamdine explique également que «63% des médicaments importés par la PCH (Pharmacie centrale des hôpitaux) vont à l'oncologie.» «On prend en charge à fond le problème du cancer depuis une dizaine d'années. Les prix ne feront qu'augmenter, cela ne va pas baisser», indique-t-il, avant de faire valoir que pour «les produits de la thérapie ciblée, 1 mg coûte 4.000 fois le mg d'or».

En fait, le coût de la thérapie ciblée pour le cancer est d»'un million de dollars pour le traitement d'une année d'un seul malade», explique-t-il, avant de relever que des oncologues dans le monde se sont réunis et ont appelé à ce que les prix de ces produits soient raisonnables, même aux Etats-Unis. Par ailleurs, le président de la Société algérienne de pharmacie a souligné que l'Etat consacre 275 millions de dollars pour la prise en charge de trois millions de diabétiques. En outre, 60% de la dépense de la PCH, soit 60 Mds de DA, sont consacrés au traitement anticancéreux. Il a dans ce sens préconisé plus de prévention pour ces deux pathologies, car leur prévention coûterait moins cher. En outre, le Dr Benhamdine préconise la mise en place «d'une nomenclature nationale pour toutes les maladies, une sorte de protocole pour ces médicaments», alors que ??la concertation entre spécialistes est très importante dans le choix des molécules et leur efficacité», pour les malades. Le président de la Société algérienne de pharmacie, qui a estimé que «le problème du générique ne se pose plus en Algérie, et sont de haute qualité» a lancé un appel pour «mettre au centre de nos préoccupations l'humain, la personne et non le médicament.»