Une
quarantaine de migrants, en majorité algériens, ont tenté, dans la soirée de ce
mardi de s'enfuir d'un centre de rétention administrative de Barcelone, en
provoquant des incidents, a appris, hier, l'AFP, auprès de la police espagnole.
Selon cette dernière, les sans-papiers ont profité de l'heure du dîner, vers
20h30, pour tenter de s'enfuir, en passant par la cuisine, avant d'être
rattrapés. Cette tentative a été derrière le rassemblement, une heure plus
tard, de quelque 70 hommes, à l'intérieur de la cour du centre, refusant de regagner
leurs chambres. «Ils ont cassé des éléments dans la cour et quelques
ustensiles», à l'aide de «morceaux de bois» ou de «tringles métalliques», a
précisé la police. Il aura fallu l'intervention de différentes unités
policières pour mettre fin au mouvement de protestation, «sans faire usage de
la force», a affirmé le porte-parole de la police barcelonaise. Une précision
de taille puisque la police espagnole est au centre d'une polémique après que
des Algériens les aient accusés de brutalité, lors de la mutinerie qui s'est
déroulée au centre de rétention pour étrangers, situé dans le quartier d'Aluche, dans le sud de la capitale espagnole. Des ?harraga' algériens ont affirmé avoir fait l'objet de
représailles de la part de policiers après être montés, dans la soirée du mardi
18 octobre, sur le toit du centre. L'affaire est, suffisamment, grave pour que
l'ONG «SOS Racisme» dépose une plainte pour «mauvais traitement et traitement
dégradant». Le document rapporte qu'il contient des témoignages de certains détenus
qui déclarent avoir été forcés de se mettre à genoux et de s'asseoir dans une
rangée tout en étant agressés par la police. La plainte demande l'ouverture
d'une enquête sur ces allégations de brutalités policières. L'ONG ajoute que
les migrants ont souffert de «mauvais traitement, de harcèlement et de
représailles» contre leur action. A Barcelone, les policiers ont reconduit les
migrants «un par un, à leur chambre» en les désarmant. Ces incidents, loin de
constituer une exception, ont tendance à se répéter, souvent, ces derniers
mois, puisqu'il s'agit du troisième incident en deux semaines, en Espagne, dans
des centres de rétention administrative, appelés centres d'internement des
étrangers (CIE), au centre d'une polémique en Espagne. Le Syndicat unifié de la
police (SUP) a exigé dans un communiqué «la fermeture immédiate du centre» de Sangonera, en dénonçant des carences en matière de sécurité
et un manque de personnel. Des organisations des droits de l'Homme et Partis
espagnols de gauche s'intéressent, eux aussi, à ces centres mais sous un autre
angle. Ils y dénoncent les mauvaises conditions de séjour et réclament leur
fermeture. «Ils enferment des internés dans des cellules d'isolement, en
représailles pour des petites choses, c'est un traitement dégradant», a,
notamment, déclaré un juge chargé du contrôle du centre de rétention de Madrid,
estimant que ces centres de rétention sont «pires que la prison». Des
associations de défense des Droits humains et de soutien aux migrants
dénoncent, elles aussi, des rétentions arbitraires, de mauvais traitements
physiques et psychologiques et des atteintes aux droits.