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131 titres interdits cette année: Le budget du Sila en baisse de 45%

par M. Mehdi



Malgré un «record de participation» en nombre de pays et une légère hausse en nombre d'exposants, la 21eédition du Salon international du livre d'Alger (SILA 2016) a vu son budget d'organisation baisser de 45% par rapport à celui de l'année précédente.

C'est «grâce aux sponsors», que la principale activité culturelle de l'année en Algérie pourra continuer, a expliqué hier le Commissaire du SILA, Hamitou Messaoudi, lors d'une conférence de presse organisée à la Bibliothèque nationale El Hamma.

Ainsi, l'édition 2016 du SILA verra la participation de 968 maisons d'éditions de 50 pays (un record), dont 259 éditeurs algériens et 174 en provenance des pays arabes. Trois pays enregistrent leur première participation au Salon. Il s'agit de l'Inde, du Canada et de la Grèce. Absent depuis 2010, un quatrième pays marque son retour : la Russie.

Selon les chiffres livrés hier par le Commissaire du SILA, le budget de la 21e édition est tombé à 100 millions DA contre 180 millions pour le Salon de 2015, soit un recul de 45%. M. Messaoudi a rappelé que la baisse du budget du SILA est bien loin de la baisse de 20% (150 millions DA) annoncée par le ministre de la Culture, Azzeddine Mihoubi. Quant à l'enveloppe des transferts en devises qui sera consacrée pour ce SILA, «elle est de 6 millions de dollars».

Le Commissaire du SILA défend ce chiffre en estimant qu'il est du «droit des Algériens d'acheter des livres». Et «comme la production des maisons d'éditions algériennes ne couvre pas tous les besoins, notamment en livres scientifiques, l'importation de livres est une nécessité vitale». Critiquant sévèrement ceux qui ont commenté ce montant (en devises) comme étant du «gaspillage de ressources en devises», M. Messaoudi rappelle que les «importations algériennes en bananes ont atteint 26 millions de dollars pour le seul premier semestre 2016, (?) sans compter les montants des autres produits comme la mayonnaise», a-t-il déclaré.

«Pas de censure? mais des interdits»

Selon le Commissaire du SILA, «aucune modification, hormis celle qui interdit l'entreposage des livres à même le sol, n'a été apportée au règlement intérieur du Salon». «Les quotas par éditeurs sont les même, à savoir 200 copies pour les titres récents, et 50 copies pour d'anciennes éditions», a-t-il expliqué.

«Aucune vente en gros ne sera autorisée, sous peine de sanctions financières contre les maisons d'éditions qui s'adonneront à cette pratique», affirme M. Messaoudi. Le Commissaire du SILA, qui estime que le Salon «est destiné aux citoyens et non pas aux revendeurs», qualifie la vente en gros de «contrebande». «Celui qui veut importer des livres qu'il le fasse par la voie légale», a-t-il déclaré à ce sujet.

Présent à la conférence de presse, le président de la Commission de lecture (composée de plusieurs départements ministériels dont la Défense, la Culture, et les Affaires religieuses) affirme, à propos des livres interdits au SILA, que le nombre de titres rejetés est de 131 cette année. Selon lui, il ne s'agit «pas de censure ni d'interdiction» mais «d'application de la loi» qui énumère les cas d'interdiction d'ouvrages dont les titres «glorifiant le terrorisme». Invité à donner des exemples de ces livres, le Commissaire du SILA s'est refusé à «faire de la publicité» aux éditeurs ou aux titres des ouvrages. Il se contente d'expliquer que «tous les ouvrages qui ne correspondent pas au rite Malékite, qui appellent au terrorisme, touchent à la sécurité nationale, ont été écartés». Le président de la Commission de lecture refusera à son tour de donner les pays d'où proviennent ces livres.

Journée Amazighité

Sous le slogan : « Le livre, totale connexion », un riche programme d'animation est prévu en marge du SILA 2016 dont l'invité d'honneur de cette 21e édition est l'Egypte. «Il est prévu des présentations sur les relations culturelles entre l'Algérie et l'Egypte ainsi qu'un aperçu sur la littérature égyptienne en présence du ministre de la Culture, Azzedine Mihoubi, des animations sur la poésie et des projections de films», lit-on dans le communiqué des organisateurs.

Par ailleurs, des «débats et des rencontres culturelles» avec des thématiques en «relation avec l'histoire, le Mouvement national et la Guerre de libération, la culture et les médias, l'école, la création littéraire algérienne ou encore l'amazighité».

Au programme également : onze estrades seront animées par «d'éminents auteurs et chercheurs» dont : Costa Gavras, Roubei Al Madhon, Danny Laferrière, Alberto Sanchez, Wassiny Laredj, Amine Zaoui ou encore Edwy Plenel. En tout, une «100 invités» dont 60 algériens, 28 des pays arabes et 12 en provenances d'autres pays.