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Algérie-Cameroun: Bien plus qu'une histoire de trois points

par Naim Beneddra

Face à une sélection qu'elle n'a jamais battue en match de compétition, l'Algérie a l'obligation de faire le plein de points. Sous peine de compromettre (déjà) ses chances de voir la Russie. Le début des choses sérieuses commence ce week-end en Afrique en éliminatoires de la Coupe du monde. Après les deux tours de chauffe, qui ont servi à écarter plus de la moitié des sélections engagées, c'est le tour final à 20 équipes qui se présente. Le format est simple et nous dispense de tous calculs d'épicier : il y a cinq groupes de quatre et les tickets pour la grand-messe internationale ne seront attribués qu'aux vainqueurs. Cinq précieux sésames qu'il sera très compliqué de conquérir car si le chemin s'annonce court, avec seulement six journées au programme, il n'est pas moins tortueux pour autant puisque ce tour qualificatif regroupe les meilleures nations du continent noir. Une sorte de CAN bis, mais avec un enjeu plus important. Car oui, pour une sélection africaine il est toujours plus gratifiant de s'inviter au Mondial que d'atteindre les quarts ou les demies d'une CAN. Et cela ne risque pas de changer, sauf peut-être si le projet ubuesque d'un Mondial à 48 sélections de Gianni Infantino venait à voir le jour.

Faux pas interdit

La Russie est donc à la fois tellement loin et tellement proche. Un sentiment partagé par tous les participants, et en particulier par ceux qui figurent dans le Groupe B, le plus relevé de tous. A eux trois, l'Algérie, le Cameroun et le Nigéria cumulent 16 présences au plus prestigieux des tournois. Et la poule est complétée par la Zambie, championne d'Afrique en 2012. Dans ce groupe, plus que partout ailleurs, chaque point va compter. Et si une victoire glanée ne garantit rien, un faux pas, même d'entrée, peut s'avérer être préjudiciable, à fortiori s'il est concédé à domicile. «C'est des qualifications et prendre les points à domicile c'est très important, acquiesce l'Algérien Rachid Ghezzal. On est dans un groupe très relevé. Ce premier match, on a la chance de le jouer à domicile. Il faudra prendre les trois points pour bien commencer cette phase de qualification».

Deuxième pays africain au classement FIFA, l'Algérie doit faire face à une dose supplémentaire de pression. Les Verts, dont le dernier revers en match de compétition remonte au quart de la CAN 2015 perdu contre la Côte d'Ivoire, n'ont cependant pas besoin qu'on leur rappelle leur statut pour mesurer l'obligation qu'ils ont de s'imposer. «Il y a six matches. Et, on joue tous les matches pour les gagner», a certifié le vice-capitaine Sofiane Feghouli. Une confiance totale que les joueurs algériens ont appris à nourrir au fil des nombreux matches victorieux et cette série d'invincibilité au stade de Blida qui n'en finit plus de s'étirer. »Ce qui est important c'est qu'on joue chez nous, devant notre public, concède le milieu Mehdi Abeid. Et il va falloir être à 100%. Faudra être ambitieux et obtenir le plus de points à domicile».

Des séries à stopper

Depuis la venue de Vahid Halilhodzic à leur tête, les Algériens ont vu leur courbe de performances s'améliorer nettement. Et la différence avec ce qu'ils affichaient comme résultats auparavant c'est qu'ils sont aussi performants lorsqu'ils se produisent à l'extérieur. Mais, en qualifications, cette statistique se heurte à une donnée non négligeable. Il n'y a pas eu de succès significatif face à une sélection africaine de renom depuis 2011 et la réception victorieuse du Maroc. La décevante CAN 2013 (deux défaites et un nul) et celle frustrante de 2015 (deux défaits et deux nuls) accréditent la thèse selon laquelle les Verts ont encore quelques manques à combler. Voire une anomalie à corriger en regard du rang qu'ils occupent au classement FIFA depuis deux ans. Face au Cameroun, l'enjeu sera donc là, en plus de celui qui consiste à démarrer de bon pied une phase éliminatoire. Les Lions Indomptables ont, certes, perdu de leur lustre d'antan mais ils demeurent de sérieux clients, qui incitent le respect à l'échelle continentale.

C'est d'autant plus vrai pour les Algériens que, dans leur histoire, ils n'ont jamais pris le dessus sur cette sélection lors d'une rencontre de compétition, même à l'époque glorieuse des Madjer, Belloumi et compagnie. «Bien sûr que c'est une grande équipe, et chaque match en Afrique reste difficile», souligne Abeid. Feghouli a aussi abondé dans le même sens en lâchant : «On sait que ça sera un grand match. Le Cameroun fait partie des grandes nations africaines. Tous ses joueurs évoluent en Europe. Ça sera très équilibré».

L'heure de vérité a donc sonné et il est préférable de ne pas passer à côté d'un tel rendez-vous. L'Algérie, dont la cote a augmenté au point où Noël Le Graët, le président de la fédération française, commence à fantasmer d'une confrontation avec les Bleus, sait que le résultat du match de dimanche posera les balises de son parcours qualificatif en même temps qu'il définira son futur à court et moyen terme. Un succès avec la manière peut devenir la base fondatrice d'une belle épopée. Un peu comme l'a été celui contre l'Egypte, un soir de juin 2009 (3-1). La route de la Russie commence à Blida et l'étape numéro un pourrait bien être la plus cruciale de toutes.