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Un climat à revoir

par Moncef Wafi

Il n'est un secret pour personne que l'Algérie truste les dernières places dans les classements mondiaux en relation avec le monde des affaires et l'économie. Celui de la compétitivité pour l'édition 2016/2017 n'échappe pas à la règle et pointe le pays à la 87e place sur 138 pays. 140.000 chefs d'entreprise dans le monde ont ainsi répondu à l'étude organisée par le Forum économique mondial permettant de classer les pays les plus compétitifs sur la base de 12 critères. Et c'est sans grande surprise que l'Algérie s'illustre de nouveau par de faibles scores dans un environnement économique de plus en plus tourné vers l'extérieur.

Dans un contexte de déclaration de guerre contre le protectionnisme décidée par le G20 à partir de Chine, l'Algérie se retrouve dans la ligne de mire des pays les plus compétitifs qui voient d'un mauvais œil la fermeture du pays aux produits étrangers. Si l'Algérie est en droit de protéger son industrie, elle doit le faire en améliorant la qualité-prix, pas en interdisant l'importation de produits de l'étranger. Ce classement confirme, si besoin est, aux yeux des puissances économiques que le climat des affaires en Algérie devrait s'améliorer. Un chapitre relancé à chaque occasion par les Américains qui font de l'amélioration du climat d'affaires une priorité dans les relations entre Alger et Washington. Des Américains qui n'hésitent pas à bousculer les protocoles et à rappeler vertement leurs homologues algériens sur cet aspect-là.

En juillet dernier, le secrétaire d'Etat adjoint américain, Antony Blinken, en visite à Alger, avait indirectement souligné son manque d'attraction en direction des IDE, américains notamment. Il a ainsi estimé qu'il était «important» que le gouvernement algérien prenne d'autres initiatives pour rendre le climat des affaires encore plus attractif, tout en reconnaissant, diplomatie oblige, que des progrès ont été accomplis dans ce domaine. Même s'il n'est pas aussi offensif, son point de vue rejoint celui, plus tranchant, de Joan Polaschik, l'ambassadrice des Etats-Unis d'Amérique à Alger et son «il faut continuer à améliorer le climat des affaires».

Ce n'est pas la première fois que l'ambassade américaine se fendait de telles déclarations médiatiques, même si elles se limitent pour le moment au seul contexte économique en critiquant continuellement le 51-49, à titre d'exemple. Un aspect apparemment pris en compte par le gouvernement à travers la loi de finances 2017 puisque les banques étrangères désireuses de s'implanter en Algérie ne seront plus soumises à cette règle. De quoi aussi améliorer le classement du pays dans le segment du «développement du marché financier» où il pointe au 132e rang. Les Algériens voient dans ces classements un moyen de faire pression sur le pays l'obligeant à engager des réformes mais surtout à faire de plus en plus de concessions.