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Hadjis victimes d'une arnaque: Mohamed Aïssa fait taire la polémique

par Abdelkrim Zerzouri

Très contrarié par la médiatisation de l'affaire des hadjis algériens arnaqués par un voyagiste, ou des individus qu'on présente comme ses intermédiaires, selon des affirmations de sources concordantes, le ministre des Affaires religieuses et Wakfs, Mohamed Aissa, a défendu toute déclaration ou révélation à propos de ce dossier. Relevant dans ce sens avoir attiré l'attention de ses collègues aux «déclarations aventurières» concernant les pèlerins algériens arnaqués et «dont la polémique est ouverte dans un pays qui n'est pas le nôtre». Voilà ce qui gêne au plus haut degré les autorités en charge de l'organisation du hadj 2016, le débat public autour d'une question embarrassante à plus d'un titre. «L'enquête se fait à Alger en vérité, les visas étant octroyés à Alger. L'opérateur est un Algérien qui a agi à partir de l'Algérie, c'est pourquoi j'ai interpellé tout le monde pour ne plus commenter», a souligné dans ce contexte M. Mohamed Aïssa. Puis, allant à l'essentiel de ce qui a provoqué sa contrariété, il dira pour mieux expliciter pourquoi il tient à mettre fin à la polémique qu'«en règle générale, ce genre de pèlerin ou pseudo pèlerin ou candidat au pèlerinage est refoulé carrément avec des commentaires médiatiques très négatifs. Ce n'est pas le cas pour nous, donc autant ne plus commenter et attendre les enquêtes qui sont déjà engagées au niveau d'Alger avec premièrement la commission de suivi au niveau du ministère des Affaires religieuses et la cellule de crise au niveau du ministère des Affaires étrangères». Pour mémoire, les hadjis victimes de cette «arnaque», dont le nombre avoisine la cinquantaine, ont pu continuer leur pèlerinage grâce à la coopération «positive» des autorités saoudiennes, alors que ces mêmes autorités n'ont pas accordé ce genre d'avantage pour des candidats au hadj de plusieurs autres nationalités. On le comprend mieux sous cet angle, des Algériens sans autorisation de hadj ont été acceptés alors que cela n'a pas été le cas pour d'autres se trouvant dans des situations presque similaires. Plus de 80.000 candidats au hadj 2016, qui n'avaient pas d'autorisation pour accomplir le cinquième pilier de l'Islam, ont été refoulés par les autorités saoudiennes. Cet «incident» des Algériens arnaqués et qui ont été malgré tout acceptés ne peut, donc, que faire grincer des dents des milliers d'autres candidats malheureux au hadj, et mettre dans la plus grande gêne les autorités saoudiennes, elles-mêmes. Ces dernières souhaiteraient qu'on ne parle plus de ce dossier, et l'on n'a pas manqué de le faire savoir à M. Mohamed Aïssa. Enfin, parfois la communication tatillonne a des effets inverses quant au but recherché, car à force de dire qu'on ne veut pas polémiquer sur un quelconque dossier, c'est comme si on enfonçait le bouton «polémique».

Si tant de questions relevant de l'organisation du hadj ont été étudiées et corrigées, le dossier «communication hadj» reste à inventer. Avec pleins d'envoyés algériens, c'est à une véritable foire d'empoigne qu'on s'adonne sur les Lieux Saints de l'Islam. En tout cas, toujours à propos des hadjis victimes d'arnaque, M. Mohamed Aïssa a indiqué que «nous savons où dénicher l'information, parce qu'il y a deux ou trois portails pour activer ce processus. Nous pouvons être en mesure de connaître les responsabilités en temps opportun».

Quant à la médiatisation des résultats de l'enquête, «cela reste du ressort des autorités compétentes», a relevé M. Mohamed Aïssa. Le ministre a également souligné avoir interpellé ses collègues ainsi que les journalistes à s'intéresser au pèlerinage que «nous réussissons de mieux en mieux» et aux observations qui détectent les anomalies pour les médiatiser. «Je n'ai rien contre parce que cela nous permettra de nous corriger, de nous critiquer, de réajuster notre démarche et de revoir notre copie». Le ministre a effectué mardi soir une visite inopinée dans certains lieux d'hébergement des hadjis algériens pour s'enquérir de leur état d'hébergement et de restauration notamment. Mohamed Aïssa s'est entretenu, à l'occasion, avec certains hadjis qui lui ont exprimé leur satisfaction quant à leur prise en charge, alors que certains parmi eux se sont plaints de leur situation, notamment pour ce qui concerne l'hébergement, et l'état d'insalubrité dans certains hôtels. En réponse à leurs doléances, le ministre a promis de régler leur situation dans les plus brefs délais. Le ministre était accompagné par le directeur général de l'Office national du Hadj et de la Omra et coordinateur général du Hadj. Selon une première évaluation, les autorités en charge de l'organisation du hadj estiment que tout se déroule dans de bonnes conditions. «Bien sûr qu'il y a des insuffisances, mais c'est le hadj et ce n'est pas de tout repos pour quiconque veut accomplir ses rites», en conviennent des avis largement partagés au sein de la population.