Après avoir avalé leur budget à toutes les sauces,tomate, béchamel, moutarde, blanche, rouge ou
rouille, aigre douce ou pimentée, des milliers de pères et de mères de famille
se préparent à recevoir d'autres briques sur la tête. Après l'ail à 1.000 da,
aïe? la «sassafinda» arrive ! Comme après une
bataille, les jours qui viennent vont servir à évaluer les dégâts et compter
les victimes. Ainsi donc après le mois «saucial»,
place à la rentrée sociale. Et à tout le monde sa piste ou son chemin. Les plus
courageux vont tenter de faire le dos rond, rentrer la tête dans les épaules et
laisser passer la tempête, en priant que leurs gosses ne vont pas rechigner sur
les tabliers pas assez longs pour cacher les fonds de pantalons usés. D'autres
vont entrer dans une colère noire, parce qu'ils s'aperçoivent qu'ils se sont
fait rouler dans la farine par les grands poissons qui leur ont fait faire
rouler leurs boureks dans des billets de banque.
Certains, n'arrivant pas à faire passer l'arrière-goût amer du tadjine lahlou, vont carrément
entrer en dépression parce qu'ils n'arrivent pas à sortir du tourbillon
d'endettement dans lequel ils se sont enfoncés depuis des lustres. Après avoir
plumé leurs frères, les commerçants qui ont fait beaucoup mieux que rentrer
dans leurs frais, vont tout faire pour afficher les quelques petits billets
qu'ils vont offrir en guise de zakat, espérant ainsi décrocher le ticket
d'accès au paradis, après l'enfer qu'ils nous ont fait endurer. Mais c'est du
halal. C'est de la tijara? rats !
La rentrée n'aura du bon que pour les privilégiés qui,
après avoir passé un mois à se prélasser sur les plages des grands complexes
touristiques au frais des petits «cons», et un mois à soigner leur gueule de
bois, se préparent à retrouver le confort de leurs bureaux climatisés et
insonorisés où, à l'abri de leur conscience, ils vont passer quelques coups de
fil, afin de faire inscrire leurs enfants dans le monde ou au moins dans les
grandes écoles bâties par la peau des gueux. Rabbana ghaffar.