Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

La Tunisie, encore en exemple

par Moncef Wafi

La Tunisie s'apprête à ouvrir une nouvelle page politique dans sa gouvernance avec le quitus obtenu du Parlement par le gouvernement de Youssef Chahid. Après la première équipe de technocrates du Premier ministre Mehdi Jomaâ, qui aura tenu quelque 13 mois, c'est au tour d'un gouvernement d'union de faire ses preuves. Considéré comme le plus jeune Premier ministre de l'histoire moderne de Tunisie en comparaison avec les 63 ans de son prédécesseur Habib Essid, Youssef Chahid va devoir relever plusieurs défis et il sait qu'il est attendu par ses détracteurs, en premier les islamistes d'Ennahda.

Ratissant large parmi les formations politiques, incluant des partis de gauche et donnant plus de visibilité à Ennahda notamment, Chahid joue gros en misant sur la jeunesse de son équipe, sur sa féminisation tout en gardant des constantes à travers des portefeuilles régaliens. Septième Premier ministre en l'espace de trois ans, cette instabilité chronique peut être lue comme la preuve de l'échec de la transition démocratique en Tunisie mais loin des bras de fer politiques, ces changements illustrent la bonne santé de la démocratie, refusant d'être otage d'un gouvernement qui n'aura pas respecté son cahier des charges. La jeunesse de la Révolution du Jasmin peut aussi être son talon d'Achille et les derniers soulèvements sociaux qui ont touché le pays ont été un sérieux rappel à l'ordre.

Ainsi, la corruption et le chômage sont parmi les priorités nationales dans le plan de bataille de Chahid ainsi que la lutte contre le terrorisme. A ce propos, le ministre de l'Intérieur, Hedi Majdoub, a rappelé le caractère républicain des forces de l'ordre, précisant que la décision de conserver ou de révoquer les cadres sécuritaires se fera en concertation avec le chef du gouvernement.

La Tunisie, malgré les attentats médiatiques de Daech et la menace permanente des groupes salafistes, continue à donner l'exemple dans une région ankylosée, incapable de se projeter dans le changement. En effet, à comparer avec l'Algérie, la Tunisie, et malgré un contexte économique délicat, s'inscrit dans cette volonté de recherche des solutions pour sortir de la crise en optant pour des ajustements quitte à chambouler tout un gouvernement.