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Benflis sans illusion sur les prochains scrutins

par Kharroubi Habib

Dans l'interview qu'il vient d'accorder au quotidien français le «Monde», l'ancien chef du gouvernement Ali Benflis aujourd'hui à la tête de l'un des principaux partis d'opposition «Talaiou El Houriyet» (avant-garde des libertés) et coordonnateur du Pôle des forces de changement a été comme à son habitude très acerbe dans la critique du régime. Ce régime qui est à ses yeux responsable de l'impasse politique et du désastre économique que vit le pays avec pour risque l'instabilité sociale, n'aurait aucune vision de long terme et se trouve à bout de souffle réduit à vouloir «gagner du temps» pour pouvoir à l'abri des «regards indiscrets et des voix critiques» préparer sa reproduction et sa reconduction.

C'est pour Benflis le seul combat que mènerait le régime qui apparaît par ailleurs impuissant et tétanisé face à la situation désastreuse qui est sur tous les plans celle de l'Algérie. L'ancien chef du gouvernement voit dans le raidissement qui s'observe actuellement dans les faits et actes du pouvoir la «tentation de régler ses problèmes à huis clos». Il a cité à l'appui de sa vision les lois votées fin juin à l'APN dont il s'est dit certain qu'elles «organisent la tricherie politique et la fraude» de même que le «verrouillage» des médias publics auquel le pouvoir a procédé et les «pressions» qu'il exerce sur les journaux indépendants.

Interrogé sur ce qu'il propose pour qu'il soit remédié à la situation d'impasse qu'il estime être celle actuelle de l'Algérie, le chef du parti «Talaiou El Houriyet» pense qu'il y a besoin «d'un pacte entre l'opposition et le pouvoir qui permette d'aboutir à la tenue d'un scrutin honnête sous supervision d'une instance indépendante». Venant de sa part, la proposition de réunir les conditions à l'organisation d'un scrutin honnête n'a rien d'une nouveauté car depuis qu'il a lancé son parti, il n'a eu de cesse de la prôner en la présentant comme s'imposant du fait que le régime en place n'a pas la légitimité politique pour mener les indispensables réformes dont le pays a besoin pour sortir de l'impasse et éviter le naufrage.

Benflis est néanmoins sans illusion sur une volonté du pouvoir d'engager l'Algérie sur la voie de la modernité politique, économique et sociale à laquelle aspire la société. D'où sa conviction désabusée que pour les prochaines élections «les jeux sont faits». Il n'a pas pour autant fait état de la position que son parti arrêtera concernant sa participation ou non à ces élections. Ce qu'il dévoilera probablement après la réunion de l'Instance de concertation et de suivi de l'opposition (ICSO) qui s'est tenue hier dont il apparaît que les partis et personnalités membres sont divisés sur l'attitude à adopter sur la question électorale.

D'un bout à l'autre de l'interview, Ali Benflis s'est abstenu de personnaliser sa critique du régime, travers auquel succombent d'autres opposants contribuant, ce faisant, à diffuser la fausse croyance qu'il suffirait le départ du pouvoir de quelques personnes pour que le pays sorte de ses impasses.