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Ouverture du Festival international d'Oran: Tapis rouge et budget réduit pour le film arabe

par Mokhtaria Bensaâd

Le tapis rouge a été déroulé, vendredi, aux artistes et célébrités du cinéma arabe, au Théâtre régional d'Oran ?Abdelkader Alloula', à l'occasion de l'ouverture de la 9ème édition du Festival international du film arabe (FIOFA).

Un évènement, devenu une tradition dans la capitale de l'Ouest et qui s'est voulu, cette année, un message de paix et de fraternité entre les pays arabes pour faire face à la guerre, l'effusion de sang et le terrorisme qui gangrènent le Moyen-Orient et les pays du Maghreb. Les stars du cinéma arabes, présentes à ce festival, se sont donné le rôle, cette fois-ci, de messagers de la paix à travers le 7ème Art qui reste universel et un moyen d'expression des malheurs des populations en détresse. C'est le rôle qu'a interprété l'actrice égyptienne Safia Amri en montant sur scène pour la remise du prix, en hommage au film «Retour de l'enfant prodigue» de Youcef Chahine. «Je suis l'ambassadrice de la paix au Moyen-Orient et j'appelle à la paix, dans les pays arabes, et nous rejetons en tant qu'acteurs l'effusion de sang, le terrorisme, la violence et la destruction». L'acteur syrien Aymen Zidane a déclaré, pour sa part, lors de la remise du cadeau d'hommage au cinéaste algérien Ahmed Rachedi, «j'envoie mon salut à tous les pionniers qui nous ont conduit où nous sommes arrivés aujourd'hui, et nous espérons contribuer à travers notre créativité cinématographique, à aider les peuples à avoir une vie meilleure. Je tiens, aussi, à saluer tous les cinéastes syriens qui luttent, à travers le cinéma pour une lueur d'espoir, dans ce tunnel que traverse la Syrie». L'acteur égyptien Farouk Fichaoui a rejoint ses collègues pour envoyer, dira-t-il, «à mes frères qui luttent en Syrie, au Yémen, en Libye et en Irak, mes salutations et je leur dis, résistez jusqu'à la concrétisation d'une stabilisation dans votre pays et un retour à la paix. Le 7ème Art est encore debout, sans la politique, et l'acteur arabe représente la conscience de la nation et qui espère, à travers ses œuvres, voir se réaliser le grand rêve d'une seule nation arabe». Quant aux acteurs libanais, Youcef Khan et son épouse, Nicole Saba, ils ont, aussi, plaidé pour une nation arabe unie en déclarant, pour Youcef Khan, «il faut que la raison et le cœur soient séparés pour que les Arabes se réunissent». Et Nicole Saba d'ajouter : «on voudrait donner au cinéma arabe la place qui lui convient loin des guerres et du terrorisme. Le seul point qui nous réunit doit être l'amour et la fraternité».

Un budget réduit pour une organisation plus maîtrisée

Le retour du FIOFA au Théâtre ?Abdelkader Alloula' a été marqué, cette année, par une meilleure organisation sans dérapages, bousculades et incidents vécus, lors des éditions précédentes. Bien que le TRO soit exigu pour contenir un tel évènement, il a, toutefois, réussi à accueillir tous les invités dans une ambiance de fête et mettre les projecteurs sur les 34 films dont des longs et courts métrages, et films documentaires en compétition cette année. 120 millions de dinars est le budget attribué, cette année, à ce festival. Un montant qui a été réduit par rapport aux années précédentes et qui a incité les organisateurs de cet évènement à veiller au grain pour une meilleure exploitation de cet argent. C'est le défi que devait relever le commissaire du Festival qui a déclaré lors de la conférence qu'il a animée avant l'ouverture du FIOFA. «On a été obligé de revoir nos dépenses pour rentrer dans ce budget». Défi relevé ou pas ? On attendra la fin du Festival pour l'évaluation.

Mihoubi pour un travail cinématographique collectif

«Le 7ème Art a fait beaucoup de réalisations et nous attendons davantage du cinéma», a déclaré le ministre de la Culture, Azzedine Mihoubi, dans son allocution d'ouverture du FIOFA. Il a considéré que le cinéma peut être un moyen de réponse à toutes les accusations à tous nos échecs politiques en soulignant que «le cinéma doit réussir là ou la politique a échoué et peut devenir une arme, une réponse à ceux qui accusent la Nation arabe d'extrémisme et d'étroitesse d'esprit». Il a appelé à la réalisation de films forts pour faire face au terrorisme, l'extrémisme et le sous-développement. «Le cinéma est l'expression en lumière qui illumine les peuples. Il est aussi l'art qui exprime l'histoire, l?identité et l'avenir», a lancé le ministre, devant l'assistance, soulignant que «la tragédie est la même et le défi est le même». Il a ensuite, montré comment les Américains ont fait de leur défaite dans la guerre du Vietnam, une réussite au cinéma à travers les films de guerre qu'ils ont réalisés. Il a appelé à la réalisation d'oeuvres cinématographiques arabes communes, étant donné que les préoccupations et les défis sont les mêmes. Abordant la situation du cinéma en Algérie, le ministre a insisté sur la nécessité de revoir le secteur en donnant la priorité à la réhabilitation des salles de cinéma. «Il est inutile de faire de la production cinématographique s'il n y a pas de salles de cinéma pour la projection des ces films et si le public ne voit pas ces productions cinématographiques». Il a rappelé dans ce contexte les gloires du cinéma algérien à travers le film «La bataille d'Alger», honoré lors de Festival en présence de Yacef Saadi et le film «Omar Gatlato», honoré également en présence de l'acteur principal Boualam Benani.