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Alger et Washington veulent muscler leur coopération énergétique

par Yazid Alilat

Le N°2 de la diplomatie américaine a scanné, l'espace de sa visite de travail à Alger, les relations algéro-américaines. Fin connaisseur des réalités politiques du monde arabe, Antony Blinken arrive à Alger pour la première fois, à un moment où Washington a raidi plus ou moins sa position vis-à-vis de l'Algérie, en particulier sur la question des droits de l'homme et de la sécurité. Mais, il n'y a pas que la politique et la lutte contre le terrorisme qui sont au menu de la présence en Algérie de l'adjoint de John Kerry. Les questions énergétiques et la coopération dans le domaine du renouvelable sont les autres points forts de cette visite de travail. Les compagnies pétrolières américaines sont les principaux partenaires du groupe algérien Sonatrach, et jusqu'à une date récente, les Etats-Unis étaient les grands clients de l'Algérie pour leurs achats de gaz, dont le GPL, et le pétrole. Mais les choses ont changé depuis que les Etats-Unis se sont tournés vers le pétrole et le gaz de schiste, réduisant autant leurs achats de produits pétroliers que leur participation dans la recherche et la production dans les blocs en Algérie.

En 2015, les Etats-Unis ont importé 31.000 barils/jour de pétrole d'Algérie, alors que les livraisons atteignaient les 443.000 barils/jour jusqu'en 2008, selon l'Agence américaine d'information en énergie (EIA). Et depuis 2013, les exportations algériennes d'hydrocarbures se sont réduites «du fait de la hausse de la production du pétrole de schiste américain, qui a fait perdre des débouchés importants à plusieurs pays», explique une note de l'EIA. Mais les exportations algériennes en produits raffinés vers le marché américain sont restées à un niveau appréciable en s'établissant à 108.000 barils/jour de janvier à novembre 2015. En cause de cette brusque baisse des exportations algériennes vers le marché américain, une hausse de la production du brut de schiste américain, qui a largement contribué à réduire les importations américaines. En fait, 76% des ventes de pétrole brut algérien sont destinées au continent européen, 17% au marché américain et 7% à l'Asie, précise le rapport de l'agence américaine. Une relance de la coopération énergétique entre les deux pays a été donc au menu, hier samedi, des entretiens entre le ministre algérien de l'Energie, Noureddine Bouterfa, et le secrétaire d'Etat adjoint Antony Blinken. Selon un communiqué du ministère, ?'les entretiens entre les deux parties ont porté sur les relations de coopération et de partenariat entre l'Algérie et les Etats-Unis dans le domaine des hydrocarbures et de l'énergie''.

En outre, les deux ministres «ont exprimé leur satisfaction de ces relations et leur volonté de les approfondir, notamment dans les domaines des énergies renouvelables, de la coopération technique et de la formation», ajoute-t-on. Le ministre algérien a, quant à lui, présenté au numéro 2 de la diplomatie américaine les grands axes du programme algérien des énergies renouvelables et a plaidé ?'pour un partenariat mutuellement bénéfique entre les entreprises des deux pays, notamment pour la fabrication des équipements industriels liés à ces énergies''.

Les entretiens entre les deux parties ont également abordé l'évolution de la situation du marché pétrolier mondial, notamment la structure des prix, qui reste très en deçà des attentes des pays producteurs. Cette question sera à l'ordre du jour de la 15e édition de la réunion ministérielle du Forum international de l'Energie, prévu du 26 au 28 septembre prochain à Alger, le ministère algérien comptant sur la participation des Etats-Unis à ce forum.