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Une retraite 3.0

par Yazid Alilat

La retraite anticipée est encore possible. Au moins jusqu'au 31 décembre prochain. Ceux qui veulent partir en retraite anticipée peuvent donc le faire avant la fin de l'année, et c'est le Premier ministre qui l'affirme. Mieux, les femmes et ceux qui exercent un métier pénible peuvent encore postuler pour une retraite anticipée. Ces déclarations du Premier ministre contrastent avec les affirmations et les positions fermes du gouvernement lors de la dernière Tripartite, où la fin de la retraite anticipée et celle proportionnelle avait été annoncée au milieu d'un brouhaha syndical. Car si l'UGTA de Sidi Saïd a applaudi cette mesure, les syndicats indépendants et l'ensemble des travailleurs qui attendaient de postuler à un départ prématuré à la retraite, n'avaient pas apprécié. Et pour cause, les syndicats indépendants, dont ceux du personnel de l'éducation nationale, n'ont pas ménagé leur peine pour expliquer la pénibilité du travail d'un enseignant, et menacé de faire de la rentrée prochaine un moment fort pour une remontée au front des syndicats. Pourquoi? Tout simplement que les enseignants, aux dires de leurs syndicats, sont fatigués au bout de 25 ans de travail, et leur métier est pénible, stressant, et cause des maladies chroniques. Ces derniers jours, plusieurs syndicats enseignants ont annoncé à travers des communiqués agressifs qu'ils entendent poser la question de la suppression de la retraite anticipée au menu de leurs revendications, et qu'ils allaient en fait user de tous les moyens pour obtenir gain de cause. Les déclarations du Premier ministre de jeudi à la clôture de la session de printemps de l'APN, sonnent comme une reddition, une autre posture peu rassurante sur la politique sociale et économique du gouvernement. Ce ?'un pas en avant, deux autres en arrière'' du gouvernement donne une idée grandeur nature des tâtonnements du gouvernement sur des dossiers sociaux sensibles, l'emploi et la retraite. Car si d'un côté, les robinets du financement de projets de jeunes ne se sont jamais taris dans la planète ANSEJ lorsque les investisseurs porteurs de projets créateurs de richesses et d'emplois étaient rabroués par les banques, il y a de l'autre toutes les sollicitudes pour que le secteur de l'éducation nationale soit le moins possible perturbé. A plus forte raison par des grèves et un climat social pourri qui déstabiliseraient le secteur. Le gouvernement laisse la porte ouverte aux enseignants, qui font un ?'travail pénible'', pour avoir la proportionnelle. C'est un peu comme cette fable de La Fontaine, entre le lièvre et la tortue. Une question: pourquoi les enseignants ont toujours une longueur d'avance sur le gouvernement ? Le fait est que les travailleurs algériens sont les plus chanceux du monde: ils ont plus de syndicats où adhérer que n'importe quels autres travailleurs ailleurs. Et, surtout, le choix entre un syndicat ?'tout va bien'' et des syndicats ?'tout va mal''.