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Netanyahu effraie même les militaires israéliens

par Kharroubi Habib

Pour la direction palestinienne, l'arrangement auquel est parvenu le Premier ministre israélien avec l'ultra nationaliste Avigdor Lieberman consistant à lui confier le poste de ministre de la Défense en contrepartie du retour de son parti « Israël beitanou » au sein de la coalition parlementaire sur laquelle il s'appuie pour gouverner ne présage rien de bon pour les relations israélo-palestiniennes.

Elle n'est pas seule à s'alarmer que cet accord préfigure que le gouvernement Netanyahu dans lequel participe désormais un homme politique réputé pour ses diatribes anti-arabes et son populisme belliqueux, va à coup sûr durcir sa politique anti-palestinienne et opposer son refus à toute initiative visant à relancer le processus des négociations de paix entre Israël et les Palestiniens.

Dans son ensemble, la communauté internationale s'inquiète elle aussi de voir Israël gouverné par le cabinet le plus à droite de son histoire et de ce fait peu enclin à faire des gestes susceptibles à ce qu'il ne se produise pas ce que craint la Direction palestinienne à savoir une escalade dans le racisme et l'extrémisme ».

Même les Etats-Unis, pourtant peu portés sur la critique des gouvernants Israéliens, ont émis un propos officiel sur le nouveau gouvernement Netanyahu qui a laissé percer que Washington désapprouve la droitisation au-delà du moralement et politiquement acceptable.

A l'intérieur même d'Israël, cette droitisation qui place le gouvernement du pays sous tutelle de l'extrême droite autant religieuse que politique et le condamne à s'accrocher à des politiques sans issue, a fait réagir et suscité des interpellations qui pèsent par la qualité de leurs auteurs. Pas moins, en effet, de 200 anciens cadres de l'armée, services de sécurité et de renseignement, des secteurs a priori acquis au durcissement de la politique anti-palestinienne qui se profile, ont signé et publié un plan de «sortie de l'impasse» pour préserver les conditions d'une négociation de paix avec les Palestiniens même si le processus de paix est aujourd'hui en état de mort clinique. Ce qu'ils énoncent comme gestes à faire prend de contre-pied ce que Netanyahu prône et poursuit depuis qu'il gouverne l'Etat sioniste.

Le document de ces ex-responsables de la sécurité d'Israël qui ne peuvent être accusés d'être subornés par des ennemis aurait pu être signé par presque tous les responsables palestiniens, car faisant droit aux conditions que l'Autorité palestinienne pose à une reprise du processus de négociations de paix. Les hauts retraités de l'armée et des services de sécurité et de renseignement demandent en effet à leur gouvernement de geler la construction dans les colonies, reconnaître que Jérusalem Est fera un jour partie d'un Etat palestinien, accepter l'initiative de paix arabe ou encore freiner la crise humanitaire dans la bande de Gaza.

Benyamin Netanyahu et tous ceux qui, en Israël et à travers le monde, invoquent le prétexte de la sécurité de l'Etat sioniste pour justifier leur refus qu'il consente à faire ces gestes ne peuvent s'en prendre à ce groupe d'ex- responsables militaires et sécuritaires et, comme ils le font systématiquement à l'égard de ceux qui en dehors d'Israël élèvent des appels identiques, ne peuvent les accuser d'être mus par la haine de l'Etat hébreu et de faire dans l'antisémitisme. N'est-ce pas, Monsieur Valls ?