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Après la démolition, hier, de quatre kiosques: Vers le réaménagement de la place du Maghreb et la délocalisation du marché de la Bastille

par Houari Saaïdia

Les quatre kiosques de la place du Maghreb, point névralgique du réseau circulatoire de la ville et lieu chargé d'histoire, et de maux aussi, ont été démantelés dans la nuit du lundi à mardi.

L'acte n'aura pas été de tout repos pour l'équipe de Boukhatem, dont le plan d'action va bien au-delà de ces petites échoppes qui encombraient l'espace. Informés par l'APC puis mis en demeure à l'effet d'évacuer les lieux en vue d'un aménagement de la place publique, avec octroi de locaux commerciaux de substitution à la clé, les exploitants de ces biens communaux ne l'ont pas entendu de cette oreille. C'est désormais un fait accompli: ces kiosques en cube, dont un transformé en «gargote-crémerie» déployant tables et chaises sur le pavé, ne font plus partie du paysage de la place de la Grande Poste. Celle-ci s'en est enfin débarrassée. Le fait est là: ces kiosques ne seyaient plus à cette place située à la croisée des chemins du centre-ville. Les responsables communaux avaient souligné qu'à la limite, on pouvait tolérer une seule boutique en préfabriqué avec un beau design. Mais pas quatre masses de béton aux quatre angles de la placette, avec débordement d'étalage jusqu'à gêner la circulation piétonne. Cependant, le projet de réaménagement et de réhabilitation de la place du Maghreb envisagé par la commune d'Oran n'aura son sens que si tous les aspects négatifs qui s'y trouvent sont traités, sans distinction et sans exception. Le Grand Hôtel, pris en otage par un éternel bras de fer interne, en est un. Jusqu'à quand l'Exécutif communal local aura-t-il poings et pieds liés par une politique de gestion à distance où l'immobilisme, la bureaucratie, la centralité et le système décisionnel vertical sont les maîtres-mots ?

LES AUTRES PLAIES DE LA PLACE DE LA GRANDE POSTE

Idem pour l'édifice de la Grande Poste, même si là, les choses semblent a priori évoluer dans le bon sens, avec la remise sur les rails par Algérie Poste du chantier de restauration et de rénovation de ce bâtiment. D'autres pièces abîmées du puzzle de cette place d'où part la rue des Aurès doivent aussi être réparées ou carrément supprimées - comme c'est le cas des quatre kiosques - pour restaurer l'image, redorer le blason de ce lieu et, partant, effectuer un tant soit peu un retour aux normes urbanistiques et fonctionnelles d'une ville. Car on en est à mille lieues aujourd'hui. Avec comme «cliché», et pour rester dans le cas d'espèce de la place du Maghreb, des tables de pain, de menthe et de persil, de figue de Barbarie, de toutes sortes de produits provenant de la saisie ou de la contrebande? qui débordent du marché de la Bastille pour envahir chaussée et trottoir adjacent. Après ce coup de grâce anti-kiosques donc, l'étape suivante du plan, selon le maire d'Oran, Noureddine Boukhatem, une démarche de dialogue et de sensibilisation à l'endroit des commerçants exerçant au marché de la Bastille pour les convaincre de la nécessité d'une délocalisation provisoire de leur activité à l'effet d'entreprendre des travaux de réhabilitation au niveau de la rue des Aurès et des ruelles traversières, en vue de l'aménagement d'une partie d'entre elles en piétonnières. Au fond, il ne s'agit pas d'une question de goût, mais d'une action vitale et indispensable, voire urgente aussi, de réhabilitation de tout ce secteur «tabou» du centre-ville, en matière de vieux immeubles, réseau d'assainissement, voirie, éclairage, sécurité urbaine? Un dossier qui ne date pas certes du mandat actuel de Boukhatem, mais qui remonte à plusieurs décennies. Toutes les entreprises antérieures ont fait long feu, y compris celle suggérant le transfert provisoire des marchands vers la cave de l'ONCV, près de la place Hoche.

DELOCALISATION DE LA BASTILLE : AU-DELA DE L'EFFET D'ANNONCE

Il faut dire que tous les walis qui sont passés par Oran, Sellal et Ould Kablia compris, n'ont rien pu faire pour éradiquer ce «point noir», qui a décidément la peau dure. Et cela fait plusieurs années que l'APC d'Oran annonce le lancement imminent de travaux de réfection et de réhabilitation à ce niveau, sans pour autant concrétiser ces effets d'annonce. Il faut dire qu'à chaque fois, le projet butait sur le refus et la levée de boucliers opposés par les marchands, exigeant des emplacements de substitution avant tout délogement, mais également un lieu qui ne pénalise pas leurs activités. Cela sans compter tous les revendeurs de l'informel qui ont pignon sur rue, faisant partie du décor de la Bastille. Toutefois, on peut y croire cette fois-ci, quand on voit l'engagement et la dynamique actuels de l'APC, au crédit de laquelle il faut ajouter le démantèlement des trois gros points noirs (les gares routières), ainsi que l'opération ayant ciblé la place Jeanne d'Arc et celle, tout récemment, du Maghreb, qui n'est que l'amorce du projet visant la Bastille. Ainsi, le projet de délocalisation du marché des Aurès revient une fois de plus au-devant de la scène locale. Inévitable sortie des tiroirs pour ce projet qui fait «la une» à chaque installation d'un nouveau wali, mais qui rentre dans le frigo après. Dans la pratique, le projet de réaménagement de la rue des Aurès en voie piétonne avait été confronté au problème de transfert des marchands, en l'absence d'une structure pouvant accueillir plus d'une centaine d'étals. Des propositions avaient été avancées pour l'entame des travaux par tranches en procédant à des transferts momentanés des étals vers des ruelles adjacentes, mais les propositions avaient été rejetées par les marchands. Une partie des Oranais pense qu'il faut plutôt conserver tel quel ce marché de référence. A l'opposé, d'autres sont pour la solution radicale: le démantèlement pur et simple et la délocalisation de tout ce nuisible bazar à ciel ouvert? Entre les deux variantes «extrêmes», il y a forcément une solution médiane, un juste milieu.