
L'attente du changement! Mais que
dites-nous encore par là? A entendre les ministres de cette «Algérie superficielle»
prononcer ce mot-bidon, une migraine rompt vite les ficelles des neurones.
Attendre quoi au juste? Que montent les prix du baril
de pétrole afin de rectifier le tir de ces «pseudo-réformettes placebo» ou
qu'on tombe, enfin, dans la gueule du loup! Triste
pile ou face d'un désastre cérébral. Le peuple, lui, n'en parlons pas, ce
serait mieux. En déprime chronique, il en a marre. Las de faire le pied de grue
dans des procès de conscience intimes qui se jouent à huis clos, cogitant sur
les lendemains incertains de la politique d'austérité, les bourdes de Sellal, le danger de Daech aux
frontières, le pouvoir quasi grabataire qui le gouverne, l'émolliente
opposition qui ne voit pas plus loin que son propre nombril, l'inconnu de la
crise et ses rebondissements, etc. D'autant que c'est la pire des souffrances
qui soit que lui inflige «le Système». Ce dernier n'est pas seulement ces longs
tuyaux de l'intox à grand décibel qui imbibent notre chère République ou ce
qu'il en reste de chapes d'ennui mais aussi un fauteuil roulant, solitaire et
sans roues, gisant à la cour du palais d'Al Mouradia.
Et, bien sûr, le képi d'un général jadis vénéré comme un Dieu, dont la valeur
ne dépasse pas aujourd'hui le nœud de cravate de son rival Saâdani.
De la surdité, du mystère et surtout du mépris unanime de ceux d'en bas sans
doute. L'attente des Algériens, c'est tout ça en fait démultiplié par les
effets d'un passé douloureux et incompris. Un condensé de paniques qui les
brûle de l'intérieur depuis maintenant plus d'un demi-siècle, rendant la
«non-logique», un élément fondamental de leur A.D.N. De ces tonnes de sueurs
qui se déversent sur leurs fronts à l'approche de chaque rentrée sociale, dans
les interminables queues près des administrations publiques ou les consulats de
ces pays dits d'eldorado, ils en tirent la trame d'un «marathon national de
l'angoisse». En revanche, cette attente, c'est-à-dire leur malheur à eux, est
paradoxalement le propre même de Bouteflika, le synonyme de Ouyahia, la compagne de Saâdani,
la sœur de Ghoul, le fer de lance du petit Saïd et...
la voisine de cet inénarrable Tliba. Un feuilleton
insipide dans l'horreur et le vide dont on se demande encore comment on peut en
sortir. Que restera-t-il, diable, après 20 ans de la mémoire de ces officiels
qui s'éteignent de nos jours un à un sans gloire? Pour
qui et pourquoi auront-ils vécu? Et puis pourquoi
ont-ils tissé cette intrigue contre-productive sur nos dos?
Scandale d'une indépendance confisquée et aux conséquences inattendues. Bien
loin d'en avoir honte, ces derniers se mentent et nous mentent toujours,
croyant être dans le vrai. Ils s'emploient encore à creuser dans la bêtise
comme dans la blague de M. Fellag. Une bêtise qu'ils
ont la faiblesse de juger préjudiciable, racontant «l'histoire de la faillite
nationale» avec le moins de justesse et de sincérité possible. Un festin de
mensonges entre copains et coquins, au détriment d'un peuple qui quoique
trublion, râleur et un tantinet fataliste, reste par contre trop généreux quand
il s'agit de défendre sa patrie en danger. Un peuple qui porte dans son sang la
folie de sa terre martyre. Mixte de léger et de lourd, de piquant et de
déconcertant avec une touche impérissable d'orgueil blessé. Bref, un cactus
verdoyant et très beau bien qu'épineux. Mais comme c'est pénible de sauter dans
le dernier train en partance vers nulle part. L'attente au quai des incertitudes
n'en est pas moins clémente. Un calvaire équivalant tous les retards accumulés
durant ces années de tricheries et de magouilles.