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Ban Ki-moon, aujourd'hui, à Alger: Que peut l'ONU pour le Sahara Occidental ?

par Moncef Wafi

Le Secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, est arrivé hier, en provenance de la Mauritanie, dans les camps de réfugiés sahraouis, à Smara, l'une des escales, dans sa première tournée, dans la région, pour tenter de relancer les négociations, en vue du règlement du conflit du Sahara Occidental. Accompagné, entre autres, de son envoyé personnel au Sahara Occidental, Christopher Ross, le SG de l'ONU, aura la lourde tâche de dégripper la voie diplomatique enrayée par les tentatives marocaines de désamorcer la volonté internationale de régler un dossier inscrit, depuis 1966, sur la liste des territoires non autonomes, et donc éligible à l'indépendance, selon les résolutions onusiennes.

Au menu de ses rencontres, le Sud-coréen devait s'entretenir avec, notamment, le président sahraoui et secrétaire général du Front Polisario, Mohamed Abdelaziz, avant de se rendre à Bir Lahlou, dans les territoires sahraouis libérés, pour rencontrer la Mission de l'ONU, pour l'organisation du référendum au Sahara Occidental (Minurso). A Nouakchott, Ban Ki-moon avait rencontré le président mauritanien, lui rappelant la nature et l'objectif de sa visite qui permettra d'«impulser un nouveau souffle aux négociations» et «lancer les discussions» qui permettraient, le retour des réfugiés sahraouis, sur leurs terres. Des Sahraouis qui attendent, beaucoup, de l'initiative onusienne, faisant dire au chef des négociateurs sahraoui, Khatri Addouh, que la visite du chef de l'ONU serait l'occasion «pour voir comment pousser le processus de négociation et la recherche d'une solution pacifique au Sahara Occidental». Une visite, également, perçue comme une victoire diplomatique, si l'on croit la présidente du groupe parlementaire pour la fraternité Algérie-RASD, Saida Bounab, qui a déclaré que «la visite de Ban Ki-moon, dans la région notamment, aux camps des réfugiés sahraouis, est une grande victoire pour le Front Polisario et les pays qui le soutiennent dans son combat contre l'occupant».

L'autre partie du conflit, le Maroc, avait refusé de rencontrer Ban Ki-moon. Rappelons que l'annonce avait été faite par l'ONU, mettant fin, ainsi, au suspense entretenu par Rabat autour de cette escale. «Le secrétaire général n'ira pas à Rabat. Le roi ne sera pas là», a notamment déclaré, à ce propos, le porte-parole de l'ONU, Stéphane Dujarric.

Dans son agenda, Ban Ki-moon, avait envisagé de se rendre à Laayoune, principale localité du Sahara Occidental occupé, ainsi qu'à Rabat. Ce refus des Marocains de recevoir un homme qu'ils ne considèrent pas comme un allié, était prévisible, eux qui ont tenté, dans un premier temps, d'entraver la visite du SG, en allant, jusqu'à lui choisir certaines régions, à visiter, selon l'universitaire sahraoui, Mustapha Baba Sayed, professeur à l'Université Alger 3, dans une déclaration faite à la presse. Il précisera que l'idéal pour le régime marocain aurait été que la visite intervienne après la publication du rapport du Conseil de Sécurité, sur l'examen du renouvellement du mandat de la Minurso, présente sur place depuis 1991, afin de veiller, principalement, au respect du cessez-le-feu, entre le Maroc et le Polisario.

Ces atermoiements des autorités marocaines ont pour objectif de gagner du temps jusqu'à expiration du mandat de l'actuel secrétaire général de l'ONU, mais, aussi, de miser sur le prochain président américain, favorable à la solution marocaine, a, également, expliqué le représentant du Front Polisario, auprès de l'ONU, Ahmed Boukhari. Des tentatives vaines puisque M. Dujarric avait indiqué qu'outre la situation humanitaire des réfugiés sahraouis, la visite du SG de l'ONU, dans la région, s'inscrira, également, dans le cadre de la préparation du prochain rapport sur la situation au Sahara Occidental qu'il doit présenter, en avril, au Conseil de Sécurité. Ban Ki-moon sera, à partir d'aujourd'hui et jusqu'à demain, à Alger où il aura des discussions avec plusieurs hauts responsables.