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Réclamant que vérité soit faite : L'ex-général major Abderrahmane écrit à Bouteflika

par Moncef Wafi

Comme à ses habitudes, le passage de l'ancien wali d'Oran Bachir Frik, sur la chaîne de télévision KBC, n'est pas passée inaperçue. Et pour cause, l'ex haut fonctionnaire revient sur son affaire en justice où il a été condamné, après appel, à sept ans de prison, par le tribunal criminel d'Alger, et rappelle une nouvelle fois, la cabale, qu'il avait dénoncée au cours de son procès, où il avait accusé, nommément, le commandant de la 2ème Région militaire et l'ex-chef de Sûreté de la wilaya d'Oran de faire «partie du groupe d'intérêts qui est derrière la cabale montée, contre moi, pour détourner l'opinion». L'ancien wali affirmait alors, et persiste toujours, que cette campagne de dénigrement «visait surtout à détourner l'opinion sur le scandale de la drogue découverte dans un bateau». Il citera comme témoins de cette machination, un colonel des Services de renseignements, un wali en exercice et le directeur du journal «Erraï», aujourd'hui en exil.

Le général-major à la retraite, Kamal Abderrahmane, cité nommément, à l'époque, a réagi à travers une lettre ouverte adressée au Chef de l'Etat et publiée dans les colonnes du journal « Le Soir d'Algérie » utilisant des mots forts comme «affront», «humiliation» et «diffamation», pour illustrer son état d'esprit devant la résurgence de cette affaire. Rappelant l'historique de ce dossier qui a débuté en 2001, ébruité par Kada Hazil, alors directeur des Affaires sociales de la wilaya d'Oran, il affirme être victime de «parties tapies dans l'ombre», l'accusant «d'être partie prenante d'un grand réseau international de trafic de cocaïne», alors qu'il exerçait les responsabilités de commandant de la 2ème Région militaire. Dans son document écrit, l'ex général-major rappellera, encore, la réaction de sa hiérarchie qui avait engagé une procédure judiciaire à l'encontre de Kada Hazil «condamné à trois ans de prison ferme qu'il a purgés». Comme preuve de cette machination, il cite la lettre manuscrite du DAS de sa prison dans laquelle il confesse avoir «été manipulé» et «avoir agi sans preuves». Kamal Abderrahmane revient sur 2006 et cette «campagne médiatique», se basant sur les accusations de Hazil, dont il a été la cible et dont il souligne qu'il n'a été qu'un instrument victime de sa naïveté. Revenant sur les propos télévisés de Bachir Frik, suggérant l'ouverture d'une enquête sur le trafic de cocaïne, impliquant de hauts cadres de l'Etat, Kamel Abderrahmane demande au président de la République, en sa qualité de premier magistrat du pays, «de faire la lumière, toute la lumière», sur cette affaire pour qu'il soit disculpé et «démasquer ses véritables instigateurs». Et de s'estimer, dans une déclaration qu'il nous a faite, satisfait du fait que l'ancien wali Bachir Frik ait reconnu, au cours de ses déclarations récentes, la récupération de Fort Lamoune par l'armée, alors qu'il servait de restaurant privé.

 Le général-major, à la retraite, termine sa lettre par un appel à la «vérité», d'autant plus, précisera-t-il, que plusieurs «acteurs» ne sont plus en fonction, aujourd'hui, sans pour autant les nommer. Certains y verront une allusion à l'ex homme fort du DRS ou à d'autres cercles, motif pour lequel l'officier supérieur insiste sur une clarification des rôles et insiste, auprès du président de la République, pour qu'une enquête profonde soit menée. La médiatisation de cette affaire est en droite ligne des différents règlements de compte, par presse interposée, entre responsables politiques et sécuritaires, de l'époque, révélés, ces derniers temps, à l'opinion publique.