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GUERRE EN LIBYE : UNE SIMPLE QUESTION DE TEMPS

par Moncef Wafi

Il y a de cela sept jours, Laurent Fabius, le ministre français des Affaires étrangères, affirmait depuis Rome, où il avait pris part à une réunion des chefs de la diplomatie des 23 pays membres de la coalition anti-Daech, qu'«il n'est absolument pas question que nous intervenions militairement en Libye». A croire le discours de Fabius, l'Otan est contre l'ouverture d'un nouveau front contre les hommes d'El Baghdadi en Libye, malgré, reconnaît-il, l'existence d'une pression exercée par «un petit groupe» pour y bombarder l'EI.

La coalition, qui frappe déjà en Syrie et en Irak, attend toujours la formation d'un nouveau gouvernement d'union nationale, la seule formule à pouvoir donner une légitimité internationale à une éventuelle intervention militaire en Libye. C'est clair que l'option militaire est sérieusement envisagée sous un parapluie onusien mais même sans le quitus du Conseil de sécurité de l'Onu, l'Otan n'hésitera pas à déployer ses forces si le besoin se fait sentir. Le communiqué final publié à l'issue de la réunion des ministres des Affaires étrangères des 23 précise que la coalition suit avec «attention tous les développements en Libye» tout en excluant pour le moment «de se lancer dans une intervention militaire».

Le message a le mérite d'être clair pour les pays voisins, dont l'Algérie véritable tête de pont pour une solution pacifique au dossier libyen. En effet, les Etats frontaliers ont tout à craindre d'une opération militaire qui, rappelons-le, se précise de jour en jour, sous un commandement italien, et qui risque de rabattre les troupes armées de Daech sur leurs territoires. L'Algérie et la Tunisie restent grandement menacées par ce scénario d'autant qu'Alger, de par son important tracé frontalier avec la Libye et la porosité des frontières tunisiennes, est doublement concernée par une éventuelle intervention militaire de la coalition anti-EI en Libye qui, par ricochet, peut mettre à mal l'Algérie dont les frontières Est sont suffisamment mises sous pression par les groupes terroristes venus de Libye.

Malgré le renforcement de son dispositif sécuritaire tout au long de ses frontières, l'Algérie devra faire face à un afflux sans précédent des hommes de Daech et d'Aqmi qui se rabattront sur son territoire pour fuir les bombardements de l'Otan. Cette opération militaire n'est plus qu'une question de jours voire de quelques mois avant que la coalition militaire internationale, forte de 6.000 soldats, dont des forces spéciales britanniques, des Marines américains, des soldats français et probablement des troupes arabes, n'intervienne, dans un premier temps, dans le ciel libyen. Le but est d'empêcher les troupes de l'EI de contrôler les terminaux pétroliers. Cette menace directe sur les champs pétroliers a fait réagir l'Europe et Washington qui ont d'ores et déjà décidé d'intervenir, patientant encore pour quelque temps histoire de donner le change.