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UNE REVISION, ÇA INTERESSE QUI AU FOND !

par Moncef Wafi

La révision de la Constitution sera adoptée aujourd'hui par les deux chambres malgré l'appel au boycott lancé par l'opposition. Et puis après?, serions-nous tentés de dire. Qu'est-ce qui va changer dans le quotidien de l'Algérien normal, le simple citoyen lambda dont le premier souci est de faire vivre convenablement sa famille ? Absolument rien. Loin des salons feutrés où se prennent les décisions, non concerné par les gesticulations stériles d'une opposition en mal de légitimité, fatigué par l'indigence chronique des débats politiques, l'Algérien n'aspire qu'à un meilleur avenir sinon à un immédiat plus clément.

Cette nouvelle Constitution, vendue comme un pas de plus vers un Etat plus démocratique, plus républicain qui donne davantage d'importance au peuple et critiquée pour avoir consacré une régression des libertés et une hégémonie du pouvoir présidentiel, ne semble pas concerner grand monde puisqu'aucun débat populaire n'a eu lieu. Pour les Algériens, cette révision est un non-événement puisqu'elle n'impacte pas ou peu directement leur quotidien au contraire de la loi de finances dont les effets pervers commencent déjà à se faire sentir.

Obligé de trouver des solutions face à la cherté des prix de pratiquement tous les produits de consommation, même ceux qui échappent à toute logique commerciale, l'Algérien est à mille lieues de ces passes d'armes verbales, des échanges d'invectives et des analyses bidon sur les avantages de la révision constitutionnelle ou de ses carences.

Une nouvelle Constitution qui ne devra pas changer grand-chose puisque le plus important est ailleurs. Cette Constitution consacre un statu quo qui semble de plus en plus pénible à supporter pour des citoyens qui assistent, impuissants, à un désagrégement de leur pouvoir d'achat, à des procès consacrant l'impunité et à une voyourisation de la sphère politique. L'Algérien est convoqué, à son corps défendant, à un quotidien fait de crise sociale multidimensionnelle sur fond de difficultés économiques induites par une chute des prix du pétrole dont les gestionnaires du pays ont été incapables d'anticiper ou de lui trouver des solutions autrement que de taper dans sa poche. Ces dizaines de millions d'Algériens anonymes, qui n'ont que leurs bras sur lesquels compter, sont appelés à souffrir les prochaines années, loin de toute révision de quoi que ce soit sauf de leur fiche de paie.