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![]() ![]() ![]() Violences contre les enfants : Les 10.000 cas par an en-deçà de la réalité
par Yazid Alilat ![]() Le projet de texte de la nouvelle Constitution accorde une place
importante à la protection et la prévention, contre toutes formes de violences
contre les enfants.
Selon le Pr. Mostefa Khiati, président de la Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche (FOREM), «avec l'article 58 de ce projet de texte, la protection des enfants, contre toutes formes de violences, est, aujourd'hui, constitutionnalisée et les agresseurs qui étaient au-dessus de la loi et échappaient à toutes sanctions, seront maintenus sévèrement punis», a indiqué M. Khiati, jeudi, à la radio nationale. «La loi fondamentale consacre, dorénavant, la protection de l'enfant. Il y avait, déjà, une loi sur le protection des enfants, et qui consacrait les poursuites judiciaires contre les agresseurs d'enfants.» En fait, l'article 58 du projet de texte de la Constitution «réprime la violence contre les enfants: il faut mettre des lois pour identifier ces problèmes», a-t-il dit, relevant que «nous sommes à 10.000 cas de maltraitance déclarés par an, dont 2.000 agressions sexuelles.» Mais, relève t-il, «ce n'est que la tête de l'iceberg, en réalité on parle de 50.000 cas. La situation est devenue alarmante, il faut protéger les enfants.» Le nouveau texte du projet de Constitution «prévoit un renforcement des lois de protection des enfants. (Maintenant), faut il revoir le dispositif législatif ? Une fois que la loi fondamentale est promulguée ou votée, toutes les lois doivent être remises, à niveau, en fonction de cette loi fondamentale. Il est logique de prévoir une révision des lois nationales, dans un futur proche, dont la loi sur la protection des enfants, qui ne prend pas, en considération, toutes les demandes de la société civile, en matière de protection des enfants, souligne le président de la FOREM. La nouvelle loi sur la protection de l'enfance, notamment la violence contre les enfants, avait été votée en novembre dernier, comme elle a durci les sanctions pénales dans ce type de violence juvénile, notamment après les rapts et assassinats d'enfants, durant ces deux dernières années. Sur le nombre réels des cas d'agressions et de violences, contre les enfants, il a indiqué que «les chiffres de la Gendarmerie nationale et de la DGSN ne sont que les cas signalés, mais il y en a, beaucoup, qui ne sont pas déclarés, et il y a une grande différence entre ce qui est déclaré et les cas non déclarés», explique-t-il, pour souligner l'ampleur de ce phénomène, en Algérie. «Nos chiffres sont dans une situation médiane, moyenne. Ce sont des chiffres, tout à fait possibles, dans une société comme la nôtre. Aujourd'hui, nous sommes en train de payer ce que nous n'avons pu faire dans les années 1990, comme les traumatismes psychologiques dus au terrorisme. Il y a, énormément, de problèmes qui s'accumulent, et il y a une certaine violence, un rejet de l'autre que l'on voit dans les stades, à l'école et dans la rue.» LE POIDS DES CHIFFRES Selon le dernier bilan de la police nationale, en 2014, plus de 6.000 enfants ont été victimes de violences, dont celle sexuelle. Pour les quatre premiers mois de 2015, les mêmes services ont enregistré, à l'échelle nationale, plus de 1.700 cas de violence contre des enfants. Le bilan des enlèvements d'enfants est lourd : 195 kidnappings en 2014 et 25 cas d'enlèvements d'enfants, récupérés et remis à leurs familles, durant les 4 premiers mois de 2015. En 2013, il y a eu 150 enlèvements d'enfants dont les 2 enfants de Constantine, Brahim et Haroune retrouvés morts. Dans le détail, il y a eu durant les 4 premiers mois de 2015, pour toutes formes de violences à l'échelle nationale, 1.726 cas, dont la violence contre les enfants, 996 cas de violences physiques et 517 agressions sexuelles dont 305 contre des filles, 179 cas de mauvais traitements, 25 enlèvements, 3 cas d'homicides involontaires, et 6 cas de violences ayant entraîné la mort. Par ailleurs, le Pr Khiati a estimé positives certaines dispositions de l'article 58 du projet de nouvelle Constitution, dont les poursuites contre les parents, qui n'envoient pas leurs enfants à l'école, les sanctions pénales contre le travail des enfants de moins de 16 ans, car «il (le travail des enfants) est un gros problème de société contre lequel il faut lutter. Il faut des lois qui punissent ces choses-là, notamment, le travail des enfants.» Quant à l'utilisation des enfants pour la mendicité, il a rappelé qu'il y a des lois pour ce type de cas qu'il faut appliquer. M. Louh, ministre de la Justice, a appelé les procureurs à faire respecter la loi, (car) les textes ne sont pas appliqués. La justice doit agir, et les textes existent, il faut les appliquer.» Enfin, pour les enfants nés sous ?X', il a estimé qu'il faut «un débat sur ce sujet. Il y a des solutions qu'il faut proposer. Et il faut un observatoire de l'enfant pour dépister les violences et assurer une meilleure prévention» contre la violence juvénile. |
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