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AU NOM DE BOUTEFLIKA

par Moncef Wafi

Le moins qu'on puisse dire c'est que le SG du FLN a de la suite dans les idées. Alors que sa démarche est toujours au stade épistolaire, essuyant des refus polis et argumentés ou des adhésions intéressées, le siège de l'Initiative a été inauguré, hier, à Alger. Saâdani, devant le peu d'enthousiasme suscité par son appel, cherche à forcer les choses en occupant l'espace. Une stratégie de vente et de communication, vieille comme le monde, qui définit l'importance de l'espace dans n'importe quel plan marketing.

L'importance de l'espace n'est plus un secret et Saâdani le sait mieux que quiconque. Affecter une adresse à ses idées de ralliement au président est un moyen de les imposer physiquement. Et occuper un espace, ça, Saâdani le fait mieux que personne, peut-être ex æquo avec Ouyahia, son pendant au RND. Le patron du FLN veut jouer sur son terrain, montrer qu'il a les clés de la maison et par conséquent qu'il est maître des lieux. Les autres, le reste des partis et les associations, ne sont là que parce qu'ils ont été invités. Des faire-valoir à la gloire de Saâdani, au nom de Bouteflika, qui a pourtant rejeté la presque même initiative à laquelle avait appelé Ouyahia en premier.

En inaugurant l'espace, Saâdani marque son territoire, place la locomotive et y attelle les autres wagons. Son message est clair : je suis le plus important et sans moi rien ne se fera. L'homme est omniprésent, privatisant le parti, multipliant les dérapages et suscitant ire et dérision de l'opposition, mais il est toujours là. Sa force, il la puise dans la faiblesse de ses opposants et dans l'entière conviction de son immunité. Quoi qu'il fasse, quoi qu'il dise, Saâdani reste intouchable. Maintenant, pour le moins. Son «Initiative politique nationale pour le progrès dans la cohésion et la stabilité», un front élargi à toutes les forces vives du pays, comme le projet a été présenté, n'est ni plus ni moins qu'une copie des nombreuses tentatives d'unifier les partis parlant au nom de Bouteflika sous une seule et même bannière, leur grande sœur s'appelant la coalition présidentielle.

Le front de Saâdani ne diffère pas des précédentes initiatives mais s'inscrit dans cette logique de «cirque médiatique» imposé par l'absence de réelles perspectives partisanes. Il profite de l'ankylosité d'une opposition obsolète, à la limite de la ringardise, qui n'offre pas une véritable alternative à Saâdani et ses semblables. L'absence d'un front du refus fort, intègre, avec des hommes nouveaux, ne traînant pas forcément des casseroles derrière chaque déplacement, renforce la cacophonie politique de Saâdani, plus que jamais maître des lieux. De l'Algérie.